Grève du zèle des policiers : les PV en chute libre

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Les policiers font la grève du zèle pour réclamer plus de moyens. © PATRICK KOVARIK / AFP
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C.P. , modifié à
Depuis l’agression de quatre policiers à Viry-Châtillon, les policiers ont entamé une grève du zèle pour protester contre leurs conditions de travail. 

Lever le pied pour protester. Depuis l’attaque au cocktail molotov, le 8 octobre dernier, de quatre policiers à Viry-Châtillon, le syndicat Alliance a appelé ses adhérents à assurer un service minimum pour dénoncer leurs conditions de travail. Et les premiers effets de cette grève du zèle se font déjà sentir. Selon une note du ministère de l’Intérieur que s’est procurée BFM Business, le nombre de PV pour les infractions routières est en chute libre. -33% pour les délits liés l'alcool, -46% pour les excès de vitesse, -52% pour les feux rouges brûlés et -54% pour les infractions liées au téléphone portable... Des chiffres "conformes" à la tendance, selon l'Intérieur.

A Paris et dans la petite couronne, le syndicat Alliance assure que le premier jour de la circulation alternée, 1.700 PV ont été rédigés… contre 3.500 au mois de mars. Même constat dans le Val-de-Marne. En septembre, un peu plus de 2.550 contraventions ont été dressées. 1400 en octobre. Et 170 en novembre. "Nous ne prenons plus d’initiatives", explique Philippe Lavenu, secrétaire national du syndicat. "Nous ne sortons que lorsqu’on nous appelle." En clair : les missions de police-secours sont évidemment assurées, mais toutes les autres tâches sont en suspens. Néanmoins, service minimum ne rime pas avec fermer les yeux. "Nous avons une obligation de faire cesser l’infraction mais pas de verbaliser", poursuit le syndicaliste.

"Nous avons des choix à faire". Néanmoins, selon le ministère de l’Intérieur, l’impact de la grève du zèle, bien que difficilement mesurable, est à relativiser. De nombreux fonctionnaires ont été redéployés dans la lutte contre le terrorisme ou la délinquance, au détriment des délits routiers. "Nous avons des choix à faire. Les effectifs n’étant pas extensibles", justifie-t-on.

Le manque à gagner pour les caisses de l’Etat reste non négligeable. L’an dernier, les infractions routières ont permis de récolter quelque 1.671 milliard d’euros. Manuel Valls avait pourtant annoncé, lorsqu’il était encore à Matignon, des moyens humains et financiers supplémentaires pour les commissariats. Nouveaux véhicules, gilets pare-balles, armes, renforcements des équipes… "Pour l’instant, ce sont des promesses de dons, ironise Philippe Lavenu, secrétaire national du syndicat. Tant que nous n’en verrons pas effectivement la couleur, nous continuerons."