Gironde : peine de prison pour l'agresseur d'un maire de village

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L'homme soupçonné d'avoir agressé un maire de Gironde a écopé d'une peine de prison. © AFP
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avec AFP
Un homme de 26 ans a été condamné à 12 mois de prisons, dont six assortis d'un sursis probatoire, pour l'agression du maire de la commune de Saint-Philippe d'Aiguille (400 habitants) en Gironde. L'édile avait été frappé après être intervenu pour faire cesser un tapage nocturne. 

Un homme de 26 ans a été condamné à de la prison ferme vendredi à Libourne pour l'agression la semaine dernière du maire d'un village de Gironde, frappé après être intervenu pour faire cesser un tapage nocturne, a-t-on appris de source judiciaire. L'homme, interpellé mercredi, n'a pas été placé sous mandat de dépôt à l'issue de l'audience en comparution immédiate au tribunal de Libourne, mais a été condamné à 12 mois de prison dont six assortis d'un sursis probatoire, a indiqué le parquet. Sa peine est donc susceptible de faire l'objet d'un aménagement. 

La vice-procureur Sylvie Guedes avait requis 18 mois de prison dont cinq assortis d'un sursis, mais avait requis un mandat de dépôt. Le prévenu, membre de la communauté de gens du voyage et "pas spécialement" connu de la justice, s'était présenté de lui-même à la gendarmerie mercredi, huit jours après les faits, après une première interpellation d'un mineur. La garde à vue du mineur a été levée depuis.

L'émotion du maire

L'agresseur était jugé pour violence aggravée avec interruption totale de travail supérieure à 8 jours, avec pour circonstances aggravantes son état d'ivresse manifeste, et la qualité de personne dépositaire de l'autorité publique du maire. L'élu, Philippe Bécheau, était intervenu le 4 août dans son village de Saint-Philippe d'Aiguille (400 habitants), vers 22h30, après que des voisins s'étaient plaints qu'un groupe de personnes écoutait de la musique trop forte sur la place du village. L'édile, 58 ans, se présentant comme maire, leur avait demandé de baisser le volume, puis, sentant la situation mal tourner face à des gens alcoolisés, était parti mais avait chuté. Un homme l'avait alors frappé, puis le groupe s'était enfui.

A l'audience, le prévenu, sans emploi et père de deux enfants, s'est "retranché derrière une amnésie imputable à une alcoolisation massive" le soir des faits, a regretté le parquet. Le maire, ému, a pu dire à quel point il a été "secoué" par l'agression. Il a qualifié auprès de l'AFP la peine de "juste et proportionnée", car selon lui "ils ne vont pas lâcher" son agresseur, entre obligation de soins et sursis probatoire.

"Aujourd'hui la justice a géré les conséquences d'une agression, mais le plus important c'est d'en gérer les causes, il faut qu'on trouve des moyens, avec l'éducation à l'école, les parents, l'instruction civique...Si on ne s'attaque pas aux causes, cela ne va pas s'arrêter", a-t-il dit. L'agresseur a également été condamné à 4.000 euros de dommages et intérêts au maire, au titre des préjudices physique et moral. Il s'est aussi vu interdire de se rendre à Saint-Philippe d'Aiguille, et d'entrer en contact avec le maire. 

Une condamnation nationale

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le Premier ministre Jean Castex, avaient condamné l'agression de M. Bécheau, le chef du gouvernement dénonçant des violences "inadmissibles". Après cette agression puis deux jours plus tard celle d'un autre élu dans la Manche, l'Association des maires de France (AMF) avait rappelé que "233 élus ont déjà subi un acte de violence" en 2020, sa vice-présidente Agnès Le Brun déplorant que les maires se sentent esseulés face à une réponse pénale "pas au rendez-vous".

L'avocat du prévenu, Pierre Blazy, a regretté qu'en raison de ce contexte, l'audience ait tenté de faire "le procès des maires agressés en général". Il a plaidé le cas particulier d'un "acte grave" mais par un "pauvre diable" issu d'un milieu "tout à fait défavorisé", et qui était "complètement bourré". Il a salué l'absence de mandat de dépôt, réservé selon lui "à des gens qui ont vraiment besoin de connaître la prison".