"Gilets jaunes" : qu'attendre de "l'acte 8", premier test de 2019 ?

La journée de samedi marquera le huitième week-end de mobilisation des "gilets jaunes" (photo d'archives).
La journée de samedi marquera le huitième week-end de mobilisation des "gilets jaunes" (photo d'archives). © SEBASTIEN BOZON / AFP
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Margaux Lannuzel avec Chloé Triomphe, Salomé Legrand et AFP , modifié à
Après une fin d'année marquée par un reflux de la mobilisation, les "gilets jaunes" appellent samedi à une reprise du mouvement, espérant notamment capitaliser sur l'interpellation de l'une de leurs figures, Eric Drouet.

La décrue observée ces dernières semaines se confirmera-t-elle, ou le mouvement des "gilets jaunes" trouvera-t-il un second souffle ? Tel est l'enjeu de "l'acte 8" de la mobilisation. Alors que le mouvement rassemblait près de 280.000 personnes mi-novembre, seuls 2.000 "gilets jaunes" restaient mobilisés sur le territoire, ces derniers jours. Mais la mobilisation du samedi, journée de prédilection des manifestants, est difficile à anticiper. Tout comme les éventuels débordements d'un mouvement "d'agitateurs", selon les termes du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Quels sont les rassemblements prévus ? 

Sur les réseaux sociaux, les groupes de "gilets jaunes" appellent à se mobiliser sur les "places symboliques" des villes françaises : places des Brotteaux et Bellecour à Lyon, place de la Bourse à Bordeaux, places du Capitole et Wilson à Toulouse... À Paris, deux manifestations ont pour la première fois été déclarées à la préfecture de police. L'une, le matin, doit se dérouler sur les Champs-Elysées. L'autre, de la place de l'Hôtel de Ville jusqu'à l'Assemblée nationale, est organisée par le collectif "La France en colère", constitué autour de deux figures du mouvement, Éric Drouet et Priscillia Ludosky. Discrétion ou démobilisation ? Moins de 1.000 personnes s'étaient désignées comme "participants" vendredi sur Facebook. Des marches de "femmes gilets jaunes" sont également prévues dimanche. Sur l'événement Facebook du défilé parisien, les organisatrices promettent "une action coup de poing".

À Paris, des membres de "La France en colère" liront une "lettre ouverte citoyenne", diffusée depuis jeudi soir, pour répondre aux vœux d'Emmanuel Macron le 31 décembre. "La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux", préviennent-ils notamment. "Changez d'attitude et accueillez-nous autour d'une table pour discuter", lancent-ils, rejetant par avance le grand débat national voulu par le président, "un piège politique". "Nous ne sommes pas résignés (et) nous irons plus loin. (...) Ne vous pensez pas au-dessus des lois et de la volonté du peuple de France", affirment-ils, invoquant la révolution ukrainienne de 2013-2014 qui avait débouché sur la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Quel sera le dispositif de sécurité ? 

"La loi, rien que la loi, toute la loi", a martelé Benjamin Griveaux vendredi, répétant la "fermeté" du gouvernement face aux manifestants et jugeant que "les plus radicalisés" d'entre eux étaient désormais "dans un combat politique".  Mais face à l’essoufflement de la mobilisation, le dispositif de sécurité s'annonce au moins deux fois moins important que lors des mobilisations de fin novembre sur le terrain, et encore davantage par rapport aux samedis les plus tendus de décembre, selon les informations d'Europe 1. Avec moins de forces de sécurité mobilisées, mais aussi moins de moyens spéciaux comme les canons à eau ou les véhicules blindés de la gendarmerie, la préfecture de police de Paris évoque un dispositif "adapté et adaptable". 

Quel sera l'impact de l'arrestation d'Eric Drouet ? 

Des appels à "durcir" le mouvement fleurissaient sur les réseaux sociaux dès jeudi, au lendemain de l'interpellation d'Eric Drouet, l'une des figures du mouvement. Arrêté sur les Champs-Elysées devant les caméras, le chauffeur routier a depuis expliqué son intention de "jouer des médias" pour relancer la mobilisation. Vue par beaucoup comme un signal dissuasif envoyé par les autorités pour éviter les manifestations non déclarées, cette arrestation pèsera-t-elle sur la mobilisation ? Pour éviter d'autres arrestations, le collectif "La France en colère" suggère en tout cas à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes pour "se présenter dans les rues, sur les places, comme les simples citoyens qu'ils sont".