"Gilets jaunes" : "Les syndicats ne sont pas légitimes pour représenter ce mouvement"

Flore Santisteban, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau
Les "gilets jaunes" se revendiquent "d'une absence de représentation", analyse Flore Santisteban, spécialiste des conflits sociaux, au micro de Matthieu Noël sur Europe 1. Ils ne peuvent donc être entendus "sur des schémas politiques traditionnels".
INTERVIEW

Deux semaines après le début du mouvement, les "gilets jaunes" tentent de s'organiser afin de mieux se faire entendre. Car à l'heure actuelle, Flore Santisteban, spécialiste des conflits sociaux, voit "une certaine verticalité du pouvoir qui s’exerce, une fois de plus". Elle explique à Eva Roque et Matthieu Noël sur Europe 1, qu'Emmanuel Macron est "dans une verticalité absolue" face à "un mouvement qui se revendique d’une horizontalité, d’une absence de représentation et qui ne peut pas être entendu sur des schémas politiques traditionnels".

La popularité des 'gilets jaunes' "ne me surprend pas". Et pour s'organiser, les "gilets jaunes" ne comptent justement pas sur les syndicats. "Ils ne sont pas légitimes pour représenter ce mouvement", assure Flore Santisteban. Cela est notamment dû au fait que "le taux de syndicalisation est le plus faible d’Europe dans notre pays". La popularité du mouvement, en revanche, est en progression. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 75% des Français soutiennent ou éprouvent de la sympathie pour les "gilets jaunes". Un chiffre qui a augmenté de 5% en une semaine. "Ce taux d’adhésion en hausse de 5 points ne me surprend pas", commente Flore Santisteban.

Selon elle, "ce mouvement est un mouvement de fond et les revendications qu’il porte, si elles étaient éparses dans un premier temps, trouvent à se structurer et parlent véritablement à cette France d’en bas, cette France que l’on entend très peu". Mais un mouvement social tel que celui-ci peut-être affecté par "trois problèmes majeurs", avertit-elle. "Le premier c’est la violence, qui délégitime et décrédibilise le mouvement." Les deux premières journées de mobilisation, les 17 et 24 novembre, ont justement été émaillées d'incidents.

>> De 5h à 7h, c’est “Debout les copains” avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

La concertation "peut être une façon" de sortir de la crise. Ensuite, "la division" peut également porter préjudice aux "gilets jaunes" car elle "brouille le message". Enfin, le troisième danger pour le mouvement est "l'instrumentalisation politique" : "On la voit se dessiner, notamment lorsque le Premier ministre demande une délégation représentative."

Flore Santisteban estime toutefois que la concertation voulue par le gouvernement "peut être une façon" de sortir de la crise, "sous la seule réserve que les gilets jaunes soient pleinement associés et que les revendications soient véritablement entendues par le chef de l’Etat".