Gaz de schiste : la France a-t-elle un potentiel ?

gaz de schiste
En 2011, la France interdisait la technique qui permet l’exploitation du gaz de schiste. (Illustration) © Oli SCARFF / AFP
  • Copié
Baptiste Morin, édité par Juliette Moreau Alvarez
Si l'exploitation du gaz de schiste est interdite en France, les sous-sols du pays ne sont pas à sec. Des gisements existent à plusieurs endroits du territoire. Pourtant, si la France a rapidement condamné le gaz de schiste, certains sont aujourd'hui plus nuancés sur les conséquences de son exploitation.

Il suffit de prononcer les mots "gaz de schiste" pour provoquer à coup sûr de vives réactions. L’exploitation de gaz de schiste est interdite en France, et pourtant, la France en consomme bien. Le gaz naturel liquéfié venu des États-Unis est bel et bien du gaz de schiste américain. Et si l'Hexagone n’en produit pas, elle en a pourtant dans ses sous-sols.

"Beaucoup d'amalgames" sur l'exploitation du gaz

En 2011, la France interdisait la fracturation hydraulique, la technique qui permet l’exploitation du gaz de schiste. À l’époque, les risques environnementaux qui l’entouraient, comme la pollution des nappes phréatiques ou les risques sismiques, ont suffi à sceller son sort.

Or, avec le recul, le tableau des inconvénients peut être nuancé aujourd’hui. "Il y a eu beaucoup d’amalgames en prenant certains risques qui existaient. Mais ces risques étaient dus à des mauvaises opérations dans des zones avec des failles par exemple", explique Guillaume Charon, auteur du livre Le Gaz de Schiste : la nouvelle donne énergétique, paru en 2014. "Il y avait aussi énormément d’anti-américanisme primaire. On disait que c’était le Far West, une escroquerie, une pyramide de Ponzi. Le débat a été très politisé."

Du gaz de schiste dans les sous-sols français

Il y a du gaz de schiste en France. Des gisements existent dans le bassin parisien, mais aussi dans le sud-est entre Montélimar et Montpellier. Ce qui reste inconnu, c’est la quantité. Cette donnée est pourtant importante car elle permet de déterminer la rentabilité de l’exploitation du gaz de schiste. "On sait qu’il y en a, mais il faut savoir s’il y en a suffisamment pour pouvoir le produire. Et ça la seule manière de faire, c’est d’essayer ", complète Guillaume Charon.

Le problème, c’est que nous ne pouvons pas le savoir car les forages d’exploration eux-mêmes ont été interdits. "À l’époque, ça a choqué car lorsqu’on est ingénieur, le fait de ne même pas pouvoir chercher, c’est difficilement compréhensible." Pourtant, la France a rapidement disposé d’estimations sérieuses sur les retombées économiques d’une telle exploitation.

En 2015, un rapport commandé par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, a été rendu par des experts reconnus. Parmi eux, les experts de l’OFCE et de l’IFPEN. Ce rapport estimait une manne financière de 300 milliards d’euros et un total de 225 000 créations d’emplois sur 30 ans. Il posait également un regard lucide sur les enjeux écologiques et techniques de l’exploitation de gaz de schiste. Tiré qu’en sept exemplaires, le rapport a été passé sous silence. Et en 2017, l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels a été définitivement interdite.