Fondation Abbé Pierre : 4 millions de mal-logés en France, "un chiffre qui a augmenté de 50% en dix ans"

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Romain David , modifié à
Invité d'Europe 1, Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, veut alerter sur les difficultés grandissantes d'accès à un logement décent en France.
INTERVIEW

Le feu est parti d'une cuisine d'un appartement du premier étage, et s'est propagé à tout l'immeuble. L’incendie qui a fait mardi soir 13 blessés à Saint-Denis ramène au cœur de l’actualité la question du logement insalubre en France. "Le décompte que nous faisons à partir de la statistique publique montre qu’il y a 4 millions de mal logés, dont 150.000 personnes sans domicile fixe, un chiffre qui a augmenté de 50% en dix ans", pointe samedi au micro d’Europe 1 Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

"Vous avez des personnes qui vivent dans des cabanes, dans des caves, dans des parkings… [Ce sont] des logements dangereux pour la santé ou en surpeuplement accentué", c’est-à-dire des logements non adaptés à leur nombre d’occupants, détaille cet associatif.

"De vrais taudis". Ce constat concerne aussi bien l’Ile-de-France que le reste du pays. "Le phénomène est particulièrement saillant dans les grandes villes mais on rencontre aussi, en milieu rural, des personnes propriétaires d’une maison qu’elles n’ont pas pu entretenir depuis vingt ou trente ans, et qui vivent dans de vrais taudis", explique Christophe Robert. Toutefois, les différentes formes de mal logement semblent s’additionner dans les métropoles.

Des logements de plus en plus coûteux. "Du mieux, il y a en a à l’échelle des quarante dernières années sur la qualité et la taille des logements par famille", veut-il toutefois nuancer. "Par contre, on a vu une accélération de l’exclusion par le logement ces 15 dernières années. Les années 2000 ont vu augmenter le coût du logement, les prix des loyers, les prix des logements à la vente et le coût des charges", alors même que la classe moyenne française se précarise.

"C’est un sujet que la puissance publique n’a pas pris à sa juste mesure, et notamment les dégâts que cela provoque sur la scolarité des mômes, la santé des habitants, sur le vivre ensemble, le développement de la famille", poursuit le délégué général de la Fondation Abbé Pierre. "Réduire la question à un problème de logement, c’est se tromper de problème."

 

"Il faut mettre les moyens". Il appelle ainsi les élus à élargir leurs politiques publiques, de manière à éviter de nouveaux drames, tel que celui de Marseille où l’effondrement de deux immeubles a coûté la vie à huit personnes. "Si on veut lutter contre l’habitat indigne, il faut mettre les moyens, des équipes dédiées mais aussi investir dans la justice pour aller au bout de procédures qui sont longues, compliquées mais nécessaires", conclut-il.