Fin de vie : des soignants dénoncent une «parodie» de consultation

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avec AFP , modifié à
Une vingtaine de syndicats et d'organisations de soignants ont dénoncé lundi une "parodie de consultation" autour du projet de loi sur la fin de vie après des fuites sur une version de travail, qui a suscité leur "inquiétude" et leur "colère". 

Alors qu'ils avaient rendez-vous en début de matinée avec la ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, qui chapeaute le projet depuis des mois, ils ont décidé de boycotter cette réunion, ont-ils indiqué lors d'une conférence de presse.

Selon l'entourage de la ministre, treize autres organisations de soignants étaient bien présentes à la réunion. Le projet de loi sur la fin de vie se fait attendre. Promis initialement pour la fin de l'été, il est désormais prévu pour fin février.

Le gouvernement fait face à un sujet particulièrement sensible. Si plusieurs sondages d'opinion jugent les Français majoritairement favorables à une légalisation d'une aide à mourir, cette perspective suscite l'opposition des cultes et d'un grand nombre de soignants. Jeudi dernier, le Figaro a révélé une version provisoire du projet de loi, dont Le Monde s'était déjà fait l'écho mi-novembre. Sont présentes dans ce texte les possibilités de recourir à d'importantes conditions au suicide assisté, voire à l'euthanasie.

"Ce texte a immédiatement suscité notre inquiétude et notre colère par les propositions qu'il contient", écrivent les organisations ayant boycotté la réunion dans un texte commun, dénonçant une "parodie de consultation" avec les soignants.

Projet de loi présenté en février

Ils critiquent de nombreux points de l'avant projet de loi, qui prévoit qu'un seul médecin porte la responsabilité d'accepter ou non la demande d'être aidé à mourir. Un terme suscite particulièrement la colère: le "secourisme à l'envers". Cela signifie qu'un soignant pourra hâter le décès si l'administration de la substance létale se passe mal. "Nous ne pouvons cautionner le mépris affiché à l'égard" des soignants, affirment les contestataires.

"Nous demandons que le volet des soins palliatifs soit mis en œuvre le plus tôt possible, et soit séparé du projet de loi sur la fin de vie", a notamment plaidé Claire Fourcade, présidente de la Société Française d'Accompagnement et de soins palliatifs lors de la conférence de presse.

Mme Firmin Le Bodo a annoncé que le projet de loi "sur le modèle français de la fin de vie" serait "présenté courant février", après un plan décennal sur les soins palliatifs. Mais, ce faisant "le gouvernement rattache les soins palliatifs à cette loi qui donne un permis de tuer", a dénoncé lundi Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers.