La victime avait déposé plusieurs mains courantes, et même une plainte, contre son conjoint, qui était attendu à une audience qui devait se tenir le mois prochain. 1:30
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Arthur Helmbacher, édité par Ugo Pascolo , modifié à
L'homme soupçonné d'avoir poignardé mortellement sa conjointe, dimanche soir, à Oberhoffen-sur-Moder, dans le Bas-Rhin, a été mis en examen pour meurtre sur conjoint et placé en détention provisoire, a indiqué le parquet de Strasbourg dans un communiqué.

Dimanche soir, à Oberhoffen-sur-Moder, dans le Bas-Rhin, une femme de 40 ans a été tuée par son mari, âgé de 58 ans. Selon la fille de la victime, qui a livré un témoignage poignant au micro d'Europe 1, certains signaux d'alerte ont été ignorés par les autorités.

L'IGGN saisie

Les gendarmes ont-ils été trop lents à intervenir ? C'est ce que pense l'entourage de la victime qui se scandalise d'un délai d'intervention de "presque 30 minutes". De son côté, la gendarmerie évoque 20 minutes entre l'appel du compagnon de la fille de la victime, et leur arrivée sur place. "Pas exceptionnel pour une intervention de nuit", ont commenté les forces de l'ordre. D'autant que, toujours selon les autorités, c'est une "dispute" qui est alors évoquée, et donc pas un danger imminent.

Mais c'est le contexte du drame qui pose question. Comme le précise Stella, la fille de la victime, sa mère avait déposé plusieurs mains courantes, et même une plainte pour "violences et menace de mort". Le conjoint était même convoqué pour une audience qui devait se tenir le mois prochain pour "menaces de dégradations". Les gendarmes avaient donc connaissance de la situation, tout comme la famille, les amis, et même les voisins. Sur ce point, la gendarmerie nationale a annoncé mardi avoir demandé à son inspection générale, l'IGGN, "un audit sur l'ensemble de l'intervention" des gendarmes qui a fait l'objet de critiques de la part de la fille de la victime.

121 féminicides en 2018

L'homme a été mis en examen pour meurtre sur conjoint et placé en détention provisoire, a indiqué le parquet de Strasbourg dans un communiqué. La procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, avait indiqué un peu plus tôt avoir requis une mise en examen "du chef d'assassinat".

"Deux ou trois jours avant, les gendarmes étaient déjà intervenus, elle ne voulait pas déposer plainte et a dit ne pas se sentir en insécurité. Nous ne pouvons pas imposer aux victimes de quitter leur domicile", a indiqué la gendarmerie nationale. En 2018, 121 femmes ont été tuées lors de violences conjugales, selon le décompte officiel du ministère de l'Intérieur. Ce nombre est déjà de 131 pour l'année en cours.