Face à Deliveroo et Uber Eats, de jeunes plateformes plus éthiques s'affirment

Un livreur Deliveroo à Angers le 27 octobre 2020.
Un livreur Deliveroo à Angers le 27 octobre 2020. © AFP
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Charlotte Langrand , modifié à
Face aux géants de la livraison à domicile et à la précarité des livreurs qu'ils emploient, de nouvelles plateformes plus éthiques émergent en France. Elles appliquent des commissions plus raisonnables aux restaurateurs et emploient des livreurs salariés avec des tarifs établis selon le kilométrage parcouru.

Pour subsister malgré le confinement, de nombreux restaurants misent aujourd'hui sur la livraison à domicile. Dans les rues des grandes villes, les livreurs filent à toute vitesse en vélo ou en scooter, leurs cabas isothermes sur le dos. Mais cette alternative, si pratique soit-elle pour les clients, a sa part d'ombre. "Voir des jeunes arriver aux Restos du cœur avec leurs tenues de livreurs Uber Eats, ça m'a scié. Ils apportent à manger, mais n'ont pas de quoi se nourrir", pointait cette semaine Patrice Blanc, président de l'association. 

Le marché de la restauration est en effet dominé par des géants aux méthodes pour le moins discutables. Ces entreprises mondiales, florissantes, qui font l'intermédiaire entre les livreurs et les restaurants prélèvent aux restaurateurs des commissions très importantes (entre 25 et 30% du repas livré), tout en s'appuyant sur une flotte de livreurs précaires, mal rémunérés et quasiment sans couverture sociale.

Des plateformes plus éthiques

Face à ces pratiques, de nouvelles plateformes ont émergé visant à offrir des conditions de travail moins précaires aux livreurs et à moins prélever les restaurateurs. La fédération CoopCycle regroupe notamment des coopératives de livreurs à vélo indépendants ayant voulu s'émanciper du d'Uber Eats ou de Deliveroo, par exemple. Parmi elles, il y a Olvo, à Paris, les Courtiers rennais, les Livreurs bordelais, le Kouglof, à Strasbourg ou encore La Poit' à vélo, à Poitiers. Plusieurs chefs se montrent sensibles à ces initiatives, comme Antonin Bonnet et Jean-François Piège. 

Des commissions plus basses et des livreurs salariés

Autres nouvelles plateforme se voulant plus éthiques : Tiptoque et Resto.Paris, qui opèrent toutes deux dans la capitale. Elles appliquent des commissions raisonnables et emploient des livreurs salariés avec des tarifs établis selon le kilométrage parcouru. Il faut toutefois préciser que ces organisations coûtent plus cher aux restaurateurs. La plupart des chefs n'ont donc pas eu d'autre choix depuis le début du confinement que de faire appel aux grandes plateformes. 

Reste par ailleurs à convaincre plus de clients. Les nouvelles plateformes en ligne misent sur une prise de conscience progressive : puisqu'on en a la possibilité, pourquoi ne payer une livraison à un prix qui garantit une rémunération digne à l'ensemble des gens qui font vivre le restaurant, du producteur au livreur en passant par le chef ? Autant de professions que la crise a fortement fragilisé.