Le gouvernement entend se pencher de près sur le phénomène des squats en France. (Image d'illustration) 1:49
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Diane Berger, édité par Romain David , modifié à
Le gouvernement entend mettre en place un observatoire des squats en France, alors que les préfectures et les forces de l'ordre peinent à appliquer la procédure accélérée d'expulsion, mise en place par une réforme votée en décembre dernier.

La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, va lancer un observatoire des squats. L’objectif : recenser le nombre de squats en France, et vérifier comment s’appliquent les dernières lois concernant les expulsions d’intrus. En effet, ces procédures peuvent mettre énormément de temps à aboutir, au plus grand malheur des propriétaires. C’est le cauchemar vécu pendant plus de six mois par Marie-Françoise et son frère : après le décès de leur mère, des squatteurs se sont installés dans sa maison à la fin du mois de septembre. "Un jugement a eu lieu le 3 novembre, qui a décrété une expulsion immédiate sans délai. Il a été signifié aux squatteurs par huissier, mais ils ne sont pas partis, et les forces de l'ordre sont intervenues", raconte Marie-Françoise à Europe 1.

"Psychologiquement, c'est très dur. On a l'impression de donner des coups dans l'air", confie cette propriétaire "On a fait une manifestation et c'est la pression publique qui a un peu effrayé les squatteurs, donc ils sont partis", poursuit Marie-Françoise. "Je ne vous dis pas dans quel état est la maison. C'est impressionnant... Ils ont laissé des vêtements, des tapis, des tas de choses... Mais on ne peut pas enlever leurs affaires. Il faut que ce soit encore une décision de justice qui nous donne l'autorisation de vider la maison", explique-t-elle.

"J’ai des dossiers de 2019 qui ne sont toujours pas exécutés"

En raison des plaintes fréquentes des propriétaires démunis face aux squatteurs, un nouveau dispositif a été prévu dans la loi Asap, votée en décembre dernier : il prévoit l’expulsion des squatteurs en 72 heures. Mais dans la pratique, il ne fonctionne pas, déplore l’avocat en droit de l’immobilier Romain Rossi-Landi, spécialiste de la question. "La réforme laisse le soin aux préfets d'examiner la situation des propriétaires et des squatteurs dans un délai de 48 heures (et les forces de l’ordre ont ensuite 24 heures pour intervenir, ndlr). C'est matériellement impossible. J’ai des dossiers de 2019 qui ne sont toujours pas exécutés aujourd'hui parce que le préfet n'a toujours pas donné le concours de la force publique. S'il ne le donne pas en 18 mois, comment va-t-il faire pour le donner en 48 heures ?", interroge-t-il.

"La ministre a annoncé qu'elle allait créer un observatoire des squats, c'est une bonne chose, mais évidemment, les victimes de squatteurs ne veulent pas d'un observatoire, ils veulent le concours de la force publique !", pointe Romain Rossi-Landi.