Etudiants de santé : le malaise à l'hôpital

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Mélanie Gomez et A.D , modifié à
Dans un livre choc, Valérie Auslender souligne le mal-être de certains étudiants en professions médicales, pour qui la formation serait une longue période d'humiliation.

Ils sont étudiants infirmiers, sages-femmes en devenir ou encore futurs médecins, et censés, à la fin de leurs études, s'occuper de malades qui souffrent. Mais dans un livre choc qui parait jeudi Omerta à l'hôpital (éditions Michalon), le docteur Valérie Auslender met en lumière la propre souffrance de ces futurs soignants. Elle a recensé 130 témoignages d'étudiants qui ont subi des maltraitances psychologiques durant leur formation.

"Si c'était à refaire, je ne le referais pas". On pourrait penser à un bizutage, mais il s'agit là d'un bizutage violent et qui dure parfois plusieurs années. Ce que racontent ces étudiants, ce sont des humiliations, du harcèlement moral quasi quotidien de la part de ceux qui sont censés les former. Le problème à l'hôpital plus qu'ailleurs, c'est la loi du silence, dénonce l'auteur. Les étudiants subissent et se taisent presque par tradition, explique Charlotte qui termine son internat de pédiatrie : "On n'a aucune considération en tant que personne. On arrive le matin dans les services, on nous ne dit pas bonjour. On nous appelle simplement 'l'interne' comme des robots. Quand on essaye de parler, on nous dit 'tu n'as pas le droit de te plaindre, de notre temps, c'était pire'. On se sent un peu comme des esclaves à plein temps, avec des chaînes psychologiques. Si c'était à refaire, je ne le referais pas. Je trouve que ça n'en vaut pas le coup."

Des idées suicidaires pour 14% des étudiants en médecine. Tous les étudiants en santé ne subissent évidemment pas ces maltraitances, mais elles existent et selon les experts, la situation s'est aggravée ces dernières années. L'hôpital est devenu une entreprise, les conditions de travail se sont dégradées, il est donc difficile de bien former quand on est soi-même sous pression. Certains étudiants en paient les conséquences. Une enquête récente de l'ordre des médecins avance que 14% des étudiants en médecine ont déjà eu des idées suicidaires.