L'EPR de Flamanville fait une nouvelle fois polémique. 1:02
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Diane Berger, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod
L'ONG Greenpeace a dénoncé dimanche des failles dans la sécurité du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), affirmant avoir pu consulter des documents confidentiels et détaillés sur la protection du site, ce qui alarme le directeur général de l'association, Jean-François Julliard.

La centrale nucléaire de Flamanville (Manche), toujours en construction, continue d'inquiéter les défenseurs de l'environnement : Greenpeace affirme en effet avoir reçu des fichiers très détaillés qui dévoilent tous les dispositifs de sécurité de l'EPR. Des milliers de pages de documents censés être confidentiels, qui pourtant circuleraient dans la nature, ce qui inquiète le directeur général de l'association, Jean-François Julliard, au micro d'Europe 1.

"Il y a des plans extrêmement précis du site de Flamanville. Et puis, il y a des spécificités techniques sur les clôtures de protection, la localisation de caméras de sécurité, des schémas de fonctionnement, des lasers de détection, des boîtes électriques, des circuits électriques....", détaille-t-il.

"Ces informations pourraient servir à une attaque malveillante"

L'ONG hostile à l'énergie nucléaire affirme dans un communiqué avoir reçu ces documents "sans sollicitation, recherche ou investigation de la part de l'association, par une personne qui n'avait aucune raison professionnelle d'y accéder, ne travaillant ni de près ni de loin pour l'industrie nucléaire". 

"Ces documents là, on les a eus comme ça un peu par hasard; moi-même, je ne suis pas en mesure de savoir comment ces documents là sont sortis du site de Flamanville, mais très certainement d'échanges de mails en échanges de mails, de disques durs en clé USB, ces documents là se sont retrouvés entre les mains d'une personne, qui a choisi de nous les remettre. Mais si elle était tombée entre de mauvaises mains, ces informations là pourraient servir à une attaque malveillante, que ce soit une attaque terroriste ou quelqu'un qui voudrait dérober des matériaux radioactifs", s'alarme Jean-François Julliard.

Pour Greenpeace, cela "prouve qu'effectivement, EDF n'est pas en mesure aujourd'hui d'assurer la sécurité d'un site aussi sensible que celui de l'EPR de Flamanville".

Pour EDF, il ne s'agit pas d'informations protégées

De son côté, EDF a réagi en affirmant que "le fait de disposer des plans de la ZAC de Flamanville ou encore de disposer de l'emplacement des caméras ou de détecteurs n'est pas une information protégée ni classifiée, puisque ces informations sont visibles et peuvent être constatées à l'œil nu par tout un chacun sur les sites".

Le producteur d'électricité rappelle par ailleurs que des personnels habilités peuvent avoir accès à des informations classifiées, selon certaines règles précises. "Le Code pénal encadre les atteintes au secret de la défense nationale, notamment le délit de compromission qui porte autant sur la divulgation que sur la communication d'informations classées secret défense et le fait d'en prendre connaissance ou possession, sans habilitation ou légitimité", souligne encore EDF. 

Le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur est actuellement prévu pour la fin 2022, après de nombreux retards et surcoûts. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait autorisé en octobre l'arrivée du combustible sur le site. Après la dénonciation dimanche par Greenpeace de ces failles dans la sécurité du chantier du réacteur nucléaire de Flamanville, EDF lâchait 0,95% en bourse à 13,04 euros.