Epicerie à Bordeaux : "c’est une vision simpliste de la religion"

Le gérant de cette épicerie a créé une polémique en indiquant des jours d'ouverture distincts pour "les frères" et "les sœurs". © JEAN PIERRE MULLER / AFP
  • Copié
Mélanie Nunes et

ANACHRONISME - L’imam de Bordeaux dénonce "une religiosité anachronique" de la part du gérant de l’épicerie du quartier Saint-Michel à Bordeaux. 

Une épicerie musulmane d'un quartier populaire de Bordeaux a suscité la polémique, lundi. Son gérant avait posé une affichette sur la vitrine de son magasin indiquant des jours d'ouverture distincts pour "les frères" et "les sœurs", une pratique passible de sanction pénale. "C’est une vision un peu simpliste de la religion", a dénoncé sur Europe 1 l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou.

"Ne pas s’acharner" sur ce "nouveau converti". "C’est un nouveau converti, il n’a donc pas eu le temps d’apprendre sa religion", explique à Europe 1 Tareq Oubrou. "Il ne faut pas non plus s’acharner sur quelqu’un qui a mal interprété et mal apprécié la chose. Il pratique une sorte de religiosité, selon moi, anachronique par rapport à l’esprit du message de l’Islam".

"L’Islam a toujours vécu cette mixité". Lundi après-midi, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a condamné fermement un "comportement en totale contradiction avec les règles républicaines d'égalité et de mixité". De son côté, Tareq Oubrou assure que la vision de l’Islam de cet épicier est fausse. "L’Islam a toujours vécu cette mixité", raconte-t-il. "Depuis l’époque du prophète, les marchés étaient mixtes, les mosquées étaient habitées par les hommes et les femmes. Je ne sais vraiment pas d’où vient cette lecture de crispation. C’est une vision un peu simpliste de la religion".

L’épicier a finalement retiré son affichette. "Nous avions mis cela en place à la demande des ‘sœurs’, qui préféraient quand ma femme est derrière le comptoir", a expliqué Jean-Baptiste Michalon, propriétaire du commerce de vêtements, épicerie et librairie, qu'il a repris mi-mai dans le quartier populaire Saint-Michel, dans le centre historique de Bordeaux. "Cela s'adressait à un public averti, qui sait que notre pratique de la religion musulmane n'autorise pas la mixité. Ce n'est pas une obligation, chacun fait ce qu'il veut", a affirmé le jeune homme, converti à l'islam. Devant l’ampleur des réactions, il a finalement retiré son affichette.