Entre vrais et faux camemberts de Normandie, la guerre est-elle bientôt finie ?

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François Coulon, édité par A.H.
"Camembert de Normandie" au lait cru ou camembert industriel "fabriqué en Normandie" ? Les consommateurs ont bien du mal à s'y retrouver. À l'arrivée, ce sont les petits producteurs qui trinquent.

La guerre du camembert va-t-elle enfin trouver son épilogue ? Après quinze ans de combat entre les petits producteurs et leur AOP "de Normandie", et les géants mondiaux comme Lactalis vendant des camemberts "fabriqués en Normandie", une première réunion de conciliation, programmée la semaine prochaine en présence de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao), pourrait aboutir à un accord. 

"Entre ces deux produits, c'est le jour et la nuit". Derrière l'étiquette "Camembert de Normandie", une appellation d'origine protégée, se cache un mode de production bien spécifique : du lait cru, provenant de vaches normandes nourries à l'herbe. Rien à voir avec les camemberts industriels au lait pasteurisé. Problème : ces boîtes indiquent "Fabriqué en Normandie". Or, les consommateurs ne s'y retrouvent pas. "C'est le jour et la nuit entre ces deux produits. Pourtant, en terme d'étiquetage, c'est quasiment la même chose. L'administration n'a pas fait son travail, ce qui est absolument incroyable", dénonce Patrick Mercier, président du Camembert de Normandie, au micro d'Europe 1. 

"Une situation parfaitement illégale". Pour Véronique Richez-Lerouge, présidente de l'association Fromages de terroir, il s'agit, ni plus ni moins, d'un cas de concurrence déloyale. "Un camembert industriel peut être fait à peu près n'importe comment. On ne sait pas d'où vient le lait. Ces camemberts ne devraient pas utiliser le terme 'Normandie'", s'indigne-t-elle. "C'est une situation parfaitement illégale depuis plus de 20 ans. Si on continue à laisser faire, ça peut arriver dans le secteur du vin. C'est trop facile, on utilise n'importe quels dénomination géographique et label, et on vend moins cher un produit qui ne répond pas à un cahier des charges."

Si les industriels ne retirent pas le "dabriqué en Normandie" de leurs étiquettes, les petits producteurs menacent de "saisir la justice".