Enseignement moral et civique : les syndicats regrettent une précipitation

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Après le choc des attentats, la ministre de l'Education nationale a voulu mettre en place ce nouvel enseignement dès la rentrée. Au risque de se précipiter, selon les syndicats. 

Une rentrée scolaire placée sous le signe de la laïcité. Parmi les nouveautés de la rentrée 2015, on trouve un nouvel enseignement, l'enseignement moral et civique (EMC). A la différence des cours d'éducation civique qu'il remplace, cet enseignement sera dispensé du CP à la Terminale dans le cadre du nouveau parcours citoyen de chaque élève.

"Un agenda politique". Après les attentats de janvier et en réponse au "Je ne suis pas Charlie" entendus dans près de 200 collèges et lycées, Najat Vallaud-Belkacem a décidé d'accélérer le calendrier de ce nouvel enseignement, prévu à l'origine à la rentrée 2016. Au risque de se précipiter, selon les syndicats. "C'est un agenda politique, pas un agenda éducatif", déplore Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, principal syndicat d'enseignants du second degré, contactée par Europe 1.

Un programme publié fin juin. A quelques heures de la rentrée, c'est le flou qui règne autour de ce nouvel enseignement. Certes, sur le papier, il y a bien un programme articulé autour de quatre valeurs morales et civiques : la sensibilité, qui vise à l'acquisition d'une conscience morale, la règle et le droit, pour comprendre le vivre ensemble, le jugement, et l'engagement. 

Mais les enseignants n'ont pas eu le temps d'appréhender ce nouveau programme, publié au Journal officiel le 25 juin. "A vouloir aller trop vite, on est dans le brouillard", regrette Roland Hubert, co-secrétaire général du SNES, contacté par Europe 1. Les manuels ne seront disponibles qu'en 2016. En attendant, les profs devront se débrouiller sans ressources pédagogiques censées les aider en cas de nouvel enseignement.

Manque de formation. Aucune formation n'a pour l'heure été donnée aux enseignants. Alors qu'à terme, tous les profs, quelque soit leur matière, devront être capables d'assurer cet enseignement moral et civique."Parler en classe d’un sujet comme le terrorisme nécessite d’aborder la question de l’histoire religieuse, des conflits au Moyen-Orient… Un professeur de mathématiques risque de manquer d’éléments pour éclairer un contexte. Une formation complémentaire est, à tout le moins, nécessaire", estime Hubert Tison, secrétaire général de l'association des professeurs d''histoire-géographie, jusqu'ici en charge de l'éducation civique, interrogé par La Croix. 

La question de l'évaluation. Dernier problème de taille, l'évaluation de ce nouvel enseignement moral et civique, notamment pour le brevet des collèges. "Certaines valeurs que nous devons transmettre ne pourront jamais être évaluées. Comment voulez-vous qu'on note l'engagement d'un élève ? On n'oblige pas un citoyen à s'engager", s'exclame Valérie Sipahimalani, du SNES-FSU.