2:14
  • Copié
Carole Ferry, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Pendant les grèves contre la réforme des retraites, de nombreuses entreprises franciliennes ont opté pour le télétravail. Un attrait qui a fait avancer certaines entreprises beaucoup plus vite que prévu sur le sujet. Mais pour certains salariés, travailler depuis son salon n'a pas que des avantages. 
ENQUÊTE

C'était sans aucun doute le meilleur "plan B" pour ne pas avoir à subir les conséquences de la grève contre la réforme des retraites : le télétravail. Poussées par la force de la mobilisation, et peut-être aussi par les appels du pied du gouvernement, beaucoup d'entreprises ont opté pour le télétravail, à la grande joie de la plupart des salariés, qui se voyaient déjà entasser dans les quelques métros, bus et Transilien en circulation. Alors que la bataille contre la réforme s'est déplacée dans l’hémicycle de l'Assemblée nationale, deux mois après le début du mouvement, c'est donc l'heure du bilan pour le télétravail.

58% des entreprises parisiennes ont eu recours au télétravail pendant les grèves

Et à en croire les chiffres du Medef Paris, le télétravail a été largement plébiscité par les entreprises, puisque 58% d'entre elles y ont eu recours pendant les grèves. Et toutes les entreprises contactées pour Europe 1 font le même constat : les salariés travaillent bien à la maison. "On avait une petite crainte que ce soit une sorte de prétexte à être moins actif", glisse au micro d'Europe 1 Roxane Rouas, directrice générale d'une société de production. "Finalement, on s'est rendu compte que tout le monde a redoublé d'efforts pour que la cohésion se fasse même à distance, et on a eu absolument aucune déperdition. C'est presque même le contraire, ça a été exceptionnel."

La plupart des entreprises qui ont choisi le télétravail n'ont donc pas eu de répercussions sur leur chiffre d'affaires, même si les journées de travail à la maison se sont succédé. C'est notamment le cas chez PSA, où les salariés ont concentré 14 jours de télétravail sur les 25 qui leur sont accordés, sans que cela pose le moindre problème. 

Des salariés pas toujours convaincus

Pour autant, si travailler depuis son salon fonctionne au quotidien, cela a des limites. Faute de réunions, les projets peuvent par exemple avancer un peu moins vite, et puis les salariés peuvent se sentir isolés. "J'en avais marre de parler à mon frigo", se souvient Estelle, salariée du cabinet D&C Consultant. "Moi j'ai besoin de voir du monde, rester seule toute la journée, c'est très difficile. Et il y aussi une histoire de confort : chez moi, je suis devant mon petit écran d'ordinateur portable avec ma chaise de cuisine… en fait je suis carrément mieux au bureau."

Pour beaucoup d'entreprises, la grève contre la réforme des retraites les a fait avancer beaucoup plus vite que prévu sur la question du télétravail, au grand dam de certains salariés.