Enfants homosexuels : le directeur de "Têtu" dénonce le "double discours insidieux" du pape

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avec AFP , modifié à
Romain Burrel se dit "horrifié" par les propos du pape soutenant le recours à la psychiatrie pour les enfants homosexuels. Les associations LGBT dénoncent, elles, des propos irresponsables.
INTERVIEW

Les propos du pape François sur l'homosexualité n'en finissent pas de faire réagir. Dans l'avion qui le ramenait d'Irlande, le souverain pontife a tenu des propos jugés choquants sur les enfants homosexuels. "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie", a-t-il dit. Des mots qui font vivement réagir la communauté LGBT. "On voit là le double discours insidieux d'une institution qui a pour but de persécuter les homosexuels", dénonce au micro d'Europe 1 Romain Burrel, directeur de la rédaction du magazine Têtu.

"On marche sur la tête". "Je suis horrifié qu'une institution qui fasse autant de mal aux enfants, avec les scandales de pédophilie, puisse se permettre d'allumer un contre-feu en affirmant qu'il faut remettre ces enfants entre les mains de la psychiatrie, qui est peut-être la deuxième institution qui a fait le plus de mal aux homosexuels", dénonce Romain Burrel. "On retombe dans cette vision de l'homosexualité comme un problème qu'il faut corriger le plus tôt possible. Vous imaginez la violence ? Prendre un enfant et décider d'en faire quelque chose d'autre. On marche sur la tête."

Enfants homosexuels : le directeur de "Têtu" dénonce le "double discours insidieux" du pape

Plus globalement, les propos du pape ont provoqué la colère des associations de défense des droits LGBT en France. "Nous condamnons ces propos qui renvoient à l'idée que l'homosexualité est une maladie. Or, s'il y a une maladie, c'est cette homophobie ancrée dans la société qui persécute les personnes LGBT", a réagi Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT. Ces paroles sont "choquantes car elles ciblent les enfants", a-t-elle poursuivi, rappelant que "des études ont démontré que le risque de suicide était plus élevé que la moyenne chez les jeunes LGBT".

Des propos "irresponsables". "Graves et irresponsables", ces propos "incitent à la haine des personnes LGBT dans nos sociétés déjà marquées par des niveaux élevés d'homophobie et de transphobie", a réagi de son côté SOS Homophobie sur Twitter. "J'aimerais que le pape François n'utilise pas les homosexuels pour qu'on cesse de parler des prêtres pédophiles", a pour sa part commenté Catherine Michaud, présidente de GayLib, mouvement LGBT de centre droit, qualifiant ses mots "d'irresponsables, outranciers et homophobes".

Le Vatican corrige la déclaration du pape. Le Vatican a retiré lundi la référence à la "psychiatrie" dans la déclaration faite la veille par le pape François, interrogé sur l'homosexualité. Le mot "psychiatrie" a été retiré du verbatim par le service de presse du Vatican, "pour ne pas altérer la pensée du pape", a expliqué une porte-parole du Vatican. "Quand le pape se réfère à la 'psychiatrie', il est clair qu'il le fait comme un exemple qui rentre dans les différentes choses qui peuvent être faites", a-t-on expliqué de même source.