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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Après neuf semaines de mobilisations des "gilets jaunes", Europe 1 a vécu une journée de manifestation avec les policiers d'Amiens. "On n'a pas du tout à rougir de la manière dont le maintien de l'ordre est assuré", justifie l'un d'eux.
REPORTAGE

Comment les forces de l'ordre vivent-elles la mobilisation des "gilets jaunes" ? C'est ce qu'Europe 1 a voulu savoir en suivant les équipes de maintien de l'ordre à Amiens, lors de la dernière journée de mobilisation, samedi.

Quand le briefing de la journée commence, les visages des policiers sont concentrés. Personne ne sait à quoi s'attendre car la mobilisation fluctue à Amiens, entre 200 et 5.000 personnes. Les profils changent aussi, le brigadier-chef Christophe a vu beaucoup de "gilets jaunes" évoluer dans leur mode d'action.

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"Ce qu'il s'est passé sur Paris a déteint sur la province." "Les premiers contacts que l'on a eu avec les 'gilets jaunes', ça se passait super bien. On était bien accueilli au sein des ronds-points quand ils bloquaient", confie-t-il. Il se souvient notamment d'une personne qui "expliquait pourquoi elle était là". Mais "progressivement, ce qu'il s'est passé sur Paris a déteint sur la province" : "Les jeunes sont devenus de plus en plus agressifs."

Les mêmes visages reviennent face à lui avec, en plus d'autres profils venus se greffer au gré des mobilisations. "Les voyous qui se sont mélangés au mouvement, ce sont des jeunes qui n'ont aucune revendication de 'gilet jaune'. Comme on les dérange au quotidien, c'est peut-être un moyen d'exprimer leur ras-le-bol de notre présence dans nos interventions sur le secteur d'Amiens", analyse le brigadier-chef.

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"On n'est peut-être plus à 100%." Au cœur des rassemblements, ces policiers cherchent en permanence à identifier les agitateurs pour les appréhender. Dans ce contexte de tensions à répétition, Stéphanie, membre des patrouilleurs, ne cache pas une certaine appréhension : "Forcément, la peur est là, de voir quelqu'un qui est déterminé et qui veut en découdre, essayer de nous coincer." Elle reconnaît qu'en étant présente sur les lieux "depuis 6h30" le matin, "la fatigue s'installe" au cours de la journée : "On n'est peut-être plus à 100%."

A la fatigue des samedis passés sur le terrain s'ajoutent les critiques essuyées par les agents sur l'emploi de la force. Critiques que le commissaire Fabrice Navaro entend, tout en se justifiant. "On n'a pas du tout à rougir de la manière dont le maintien de l'ordre est assuré parce que nous avons, en face, des niveaux de violence qui n'ont jamais été atteints", assure-t-il.

"Tout cela est géré avec un très grand professionnalisme." Il explique notamment devoir faire face à "des individus qui sont de mieux en mieux équipés, qui ont un niveau d'agressivité qui augmente". Et pour lui, "tout cela est géré avec un très grand professionnalisme". Samedi dernier, il n'a eu qu'une cinquantaine de "gilets jaunes" à gérer. Il explique la baisse de tension dans sa ville par une série d'interpellations. Environ 80 agitateurs qui, dit-il, ne se montrent plus dans les rassemblements.