En France, les exilés russes ayant fui Poutine se plaignent d'un accueil froid

Russe réfugié
Horrifiés par la dérive du pouvoir russe et l'invasion de l'Ukraine, des dizaines de milliers de Russes ont choisi l'exil. (Illustration) © ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS / HANS LUCAS via AFP
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avec AFP
Après avoir fui le régime autoritaire de Russie, les exilés russes arrivés en France se plaignent de la froideur de l'accueil qui leur est réservé. Suivant l'invasion russe en Ukraine, beaucoup ont notamment quitté le pays pour échapper aux effets des sanctions économiques et à une éventuelle mobilisation militaire.

Horrifiés par la dérive du pouvoir russe et l'invasion de l'Ukraine, des dizaines de milliers de Russes ont choisi l'exil. Arrivés en France, certains découvrent que l'accueil est loin de la chaleur réservée aux réfugiés ukrainiens. Artiom Kotenko, citoyen russe de 50 ans né sur le territoire de l'Ukraine soviétique, raconte à l'AFP avoir été "anéanti" par l'assaut lancé par Moscou le 24 février. Une semaine plus tard, cet artiste et designer graphique ayant travaillé pour le musée de l'Ermitage et le théâtre Tovstogonov, quitte Saint-Pétersbourg pour la Finlande avant de rejoindre Paris.

En contraste avec l'accueil des Ukrainiens 

À Paris, "le sentiment d'étouffer, de mourir jour après jour, s'est arrêté, je pouvais respirer de nouveau", dit-il à l'AFP, lors d'une rencontre dans le 13e arrondissement, où les œuvres de street-art pro-ukrainiennes recouvrent de nombreux murs. Par contre, se plaint Artiom Kotenko, il est rapidement devenu évident qu'obtenir des papiers pour travailler légalement en France allait s'avérer très difficile, à l'inverse des citoyens ukrainiens qui, fuyant la guerre, sont accueillis à bras ouverts, comme un peu partout en Europe. "Cela doit changer, car il y a plein de gens comme moi (des Russes anti-Poutine ayant fui la répression) et il y a du travail pour nous", insiste l'artiste.

Dans les semaines qui ont suivi l'invasion, des dizaines de milliers de Russes, souvent éduqués, ont quitté la Russie pour se mettre à l'abri du tour de vis, des effets des sanctions économiques et d'une éventuelle mobilisation militaire. Une fuite des cerveaux qui n'est pas sans rappeler à certains celle de 1922 après la consolidation du régime bolchévique. 

Des accueils différents selon les pays

En Allemagne, qui compte déjà une vaste minorité russe depuis la chute de l'URSS, le vice-chancelier Robert Habeck a indiqué que le gouvernement pourrait favoriser l'immigration des nouveaux exilés : "Nous voulons qu'ils sachent que nous pourrions vraiment avoir besoin d'eux". Les Russes ayant choisi la France estiment donc que Paris devrait suivre cet exemple. Interrogé sur le sujet, le ministère de l'Intérieur n'a pas commenté.

"Si les gens cherchent à s'installer ici, il faut les soutenir", estime Daniel Kachnitski, un Moscovite de 41 ans qui a quitté la Russie avec sa femme et leurs quatre enfants après le déclenchement de la guerre. Il raconte avoir réalisé qu'il était temps de partir après avoir passé une nuit en cellule pour avoir manifesté contre l'invasion. D'autant que son fils aîné fête ses 18 ans en mai et deviendra donc appelable sous les drapeaux.