Emmanuel Pierrat : "Il ne se passe pas une année sans que l'on vote une loi de censure"

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Guillaume Perrodeau
Chez Anne Roumanoff, l'avocat et essayiste évoque le recul de la liberté d'expression en France et dénonce notamment la dernière loi sur les "fake news".

Était-on plus libre de s'exprimer avant ? Aux yeux de l'avocat Emmanuel Pierrat, cela ne fait aucun doute, comme il l'explique chez Anne Roumanoff mercredi. L'homme vient d'ailleurs de publier deux ouvrages à ce sujet : Nouvelles morales, nouvelles censures et Le Grand Livre de la censure.

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Les téléphones portables ? "Les pires censeurs". Coluche ou encore Pierre Desproges sont régulièrement cités en exemple par certains humoristes qui se plaignent de ne plus pouvoir rire et faire rire de tout. Pour Emmanuel Pierrat, les comiques étaient en effet plus libre avant, pour une raison simple : "ils s'adressaient uniquement à une salle et des spectateurs qui savaient ce qui allait se passer."

Or aujourd'hui, les extraits des spectacles peuvent être diffusés et circuler, notamment sur les réseaux sociaux. "La difficulté d'aujourd'hui, ce sont nos petits instruments - les téléphones portables - qui sont les pires censeurs", estime l'avocat. "Au motif que l'on pourrait voir un sketch de quelqu'un, alors que l'on n'est pas forcément le plus grand amateur de ce type d'humour, d'un seul coup, on pense que ce sketch nous est destiné. (...) Et parce que vous êtes offensés, vous pensez avoir subi un préjudice", résume-t-il.

L'inquiétante loi sur les "fake news". Selon Emmanuel Pierrat, les choses ne vont pas en s'arrangeant. "Il ne se passe pas une année, depuis que je suis avocat, sans que l'on vote une loi de censure", affirme-t-il. La dernière en vigueur qui inquiète l’essayiste ? Celle sur les "fake news". "Emmanuel Macron nous dit que les 'fake news' sont dangereuses, donc sa solution est de les faire juger en 24 heures par un magistrat", rappelle-t-il. Or selon lui, cette loi pourrait être dangereuse, notamment pour la liberté de la presse. "Quand Mediapart balance l'affaire Cahuzac, ils n'ont pas suffisamment de preuves pour tout démontrer. Si la loi sur les 'fake news' avait été en vigueur, on aurait immédiatement donné raison à Cahuzac et on aurait muselé le débat", indique l'avocat.