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Caroline Baudry (envoyée spéciale à Nouméa) / Crédits photo : THEO ROUBY / AFP , modifié à
En Nouvelle-Calédonie, les jours défilent et se ressemblent pour ces groupes de voisins vigilants, qui veillent durant le couvre-feu à l’entrée de leur rue ou quartiers pour alerter la police et le voisinage dans le cas où des émeutiers s'approcheraient. Certains d'entre eux viennent de passer leur 14e nuit dehors.

L'interdiction du réseau social TikTok en Nouvelle-Calédonie a été "levée", ont annoncé mercredi les autorités de l'archipel français du Pacifique sud, après une mesure inédite prise le 15 mai pour limiter notamment les contacts entre émeutiers. Une suite logique après la levée de l'état d'urgence. Dans l'archipel, cette nuit s'est passée sans incident pour la première fois depuis 14 jours. Mais malgré tout, les habitants restent sur le qui-vive, et les barricades érigées pour se protéger des émeutiers sont encore là. 

"Ça fait deux semaines que les gens sont à bout"

"Ça fait deux semaines que les gens sont à bout. On a fait des gardes de 12 heures la première semaine." Ce cadre dans une entreprise d’hygiène, qui garde l’anonymat, est encore debout face à une barricade de fortune érigée en bord de mer. Quelques palettes, plots, objets métalliques qui parviennent à tenir à distance les pilleurs et cette violence qui brise le silence. "Ça s'est calmé depuis un ou deux jours mais ça pète tous les soirs. Ça peut être des grenades de désencerclement, des lacrymos, des balles réelles... Quand le vent porte bien, vous entendez tout à des centaines de mètres à la ronde", témoigne-t-il.

"On ne se projette pas"

Un peu plus loin, ses camarades sont tapis dans l’obscurité, autour d’un feu. Faire nombre pour dissuader : cette routine s’est imposée à Isabelle et Stéphane. "Le temps qu'il faudra jusqu'à ce que la police nous dise que les rues sont sécurisées, qu’ils ont repris le contrôle et qu'on peut simplement reprendre une vie tout à fait normale", glisse Isabelle avant que Stéphane ajoute : "Demain, je fête mes 60 ans sur la barricade. Je ne suis pas censé être là. On ne se projette pas, on n'a aucune idée de ce que demain sera fait. C’est complètement fou".

Ici, les seuls qui aient osé s’approcher sont venus soutenir et remercier. "Nous ne sommes ni violents ni bagarreurs", rabâche un père de famille terrorisé. "Il faut tenir" dit-il, épuisé.