Emmanuel Macron 1:08
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Alexis Delafontaine avec AFP / Crédit photo : DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP , modifié à
En raison des émeutes en France, Emmanuel Macron a dû reporter sa visite d'Etat en Allemagne. La décision a été annoncée samedi par les deux proches alliés après un entretien téléphonique entre le président français et son homologue Frank-Walter Steinmeier, à la veille du début de cette visite qui devait durer jusqu'à mardi.

Emmanuel Macron a dû reporter sa visite d'Etat en Allemagne en raison des émeutes en France, un coup symbolique au moment d'ouvrir un "nouveau chapitre" franco-allemand et après avoir déjà annulé au printemps la venue du roi Charles III à Paris pour cause d'agitation sociale. La décision a été annoncée samedi par les deux proches alliés après un entretien téléphonique entre le président français et son homologue Frank-Walter Steinmeier, à la veille du début de cette visite qui devait durer jusqu'à mardi.

Emmanuel Macron "a demandé le report", a annoncé la présidence allemande dans son communiqué. "Compte tenu de la situation intérieure, le président de la République a indiqué qu'il souhaitait pouvoir rester en France ces prochains jours", a confirmé l'Elysée à l'AFP. Aucune nouvelle date n'a été fixée à ce stade, a précisé l'entourage du chef de l'Etat français. Le président allemand a fait savoir qu'il "regrette l'annulation" mais la "comprend parfaitement en raison de la situation", qu'il "suit avec une très grande attention". "Il espère que la violence dans les rues va s'arrêter bientôt et que la paix sociale pourra de nouveau être rétablie", ajoutent ses services.

Des sources côté français avaient laissé entendre que le sort de la visite dépendrait du climat de la nuit de vendredi à samedi, or les autorités assurent que les violences ont été d'une "intensité moindre" que la nuit précédente. Mais les scènes de pillage et de destruction se sont encore multipliées à travers le pays, quatre jours après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué mardi à bout portant par un policier lors d'un contrôle routier.

Tiraillements

Emmanuel Macron avait été contraint de gérer une grande partie du début de cette nouvelle crise à distance, d'abord à Marseille où il se trouvait de lundi à mercredi, puis de Bruxelles où il a assisté à un sommet européen jeudi et vendredi avant d'écourter sa présence. A un an des Jeux olympiques de Paris, les images de violences urbaines, qui font le tour du monde, sont un coup dur pour le blason français, encore terni par le report de cette visite d'Etat. D'autant que fin mars, c'est le souverain britannique qui avait décidé de reporter sine die sa propre visite d'Etat en France alors que, déjà, des incidents rythmaient la contestation sociale contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. La venue de Charles III pourrait être reprogrammée en octobre.

Selon le programme initial pour l'Allemagne, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse, devait arriver dimanche soir à Stuttgart, dans le sud-ouest du pays. Lundi était prévu l'accueil officiel par le président Steinmeier au château de Ludwigsbourg, avant un passage à Berlin et enfin, mardi, une étape à Dresde, dans l'ex-Allemagne de l'Est. Côté français, on tente de minimiser le report, en soulignant que les responsables français et allemands ont maintes occasions de se rencontrer, et qu'une telle visite très protocolaire était avant tout une manière de célébrer l'amitié franco-allemande, davantage qu'un rendez-vous strictement politique.

"Envisager l'avenir ensemble"

Signe de son importance symbolique, il s'agissait pourtant de la première visite d'Etat réservée par Berlin à un président français depuis 2000, et elle devait, avec tout son apparat, contribuer à ressouder le duo franco-allemand après les multiples frictions des derniers mois. L'Elysée expliquait ainsi cette semaine que la "déambulation" d'Emmanuel Macron à travers l'Allemagne devait permettre de "prendre de la hauteur", célébrer "la valeur de notre histoire commune" et "envisager l'avenir ensemble" dans un "nouveau chapitre".

De multiples tiraillements ont récemment terni l'amitié entre les deux voisins, du nucléaire aux émissions de CO2 des automobiles, en passant par les relations avec Washington et la conception d'une Europe de la défense redevenue d'une actualité brûlante depuis l'invasion russe de l'Ukraine.