Marseille 1:24
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avec AFP / Crédit photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP , modifié à
Toute manifestation est de nouveau interdite à Marseille à compter de samedi après-midi, les transports en commun s'arrêteront à 18 heures et des renforts des forces de l'ordre sont mobilisés pour tenter d'éviter de nouvelles violences après une nuit marquée par des heurts et des pillages.

Manifestation interdite, transports en commun à l'arrêt, espace public dégagé : les autorités, inquiètes de voir la "violence se diffuser" à Marseille, ont renforcé significativement les forces de l'ordre samedi au lendemain d'une nuit marquée par des heurts et des pillages. En ce jour d'obsèques du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier en région parisienne, les autorités craignent de nouvelles manifestations de colère et des débordements violents: la préfète de police des Bouches-du-Rhône a pris un arrêté interdisant "toute manifestation entre samedi 14H00 et dimanche 07H00".

Un renfort massif de CRS

Les métros, tramways et bus sont à l'arrêt depuis le début de soirée dans cette ville très étendue, deux fois et demie plus grande que Paris. La ville a demandé aux opérateurs de trottinettes et de vélos en libre-service de les retirer de l'espace public et d'interrompre le service. Les poubelles ne doivent pas être sorties pour éviter les mises à feu. La préfecture de police a aussi annoncé un renfort massif de CRS, l'engagement des blindés, du Raid et du GIGN et de deux hélicoptères de la gendarmerie. Ces derniers, avec un avion de la police, survoleront la ville toute la nuit pour aider à repérer les incidents. "On a dégagé l'espace public et on est inquiet de voir cette violence se diffuser parce qu'elle a été hier soir extrêmement forte", a expliqué sur BFMTV le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan.

Plusieurs quartiers de la ville tentaient de panser leurs plaies samedi, ont constaté des journalistes de l'AFP, après une nuit de heurts entre des groupes de jeunes très mobiles et les forces de l'ordre qui ont conduit à l'interpellation de 95 personnes.

"Venus spécialement pour casser"

Dans les quartiers populaires du nord de Marseille, les violences de la veille ont sidéré les habitants comme ce commerçant qui a assisté impuissant au pillage des boutiques du centre commercial Le Merlan, où 30 jeunes ont été interpellés. "Ils sont venus spécialement pour casser, voler et repartir. Moi j'étais là jusqu'à 05H00 du matin, de très très jeunes filles et garçons repartaient avec des sacs remplis, on est vraiment dégoûté de ce qu'il se passe. C'est une première ici. La mort de Nahel c'est la goutte d'eau, derrière qu'est-ce qu'il y a? Le manque de pouvoir d'achat? L'ennui? La vérité on a peur maintenant (...) on est désespéré", raconte à l'AFP Youcef Bettahar. A ses côtés, les employés s'affairent à ramasser les bris de verre de la façade d'un opticien, à côté, une boutique de chaussures n'est plus qu'un champ de boîtes vides.

Benoît Payan a "sollicité auprès de la Première Ministre une extension exceptionnelle de la période des soldes ainsi que la mise en place d'un fonds d'urgence à destination des entreprises". Les évènements culturels s'annulaient. A Malpassé, l'association Les Farandoleurs, qui organise du soutien du scolaire et des activités pour les jeunes de ce quartier pauvre, a aussi dû annuler une soirée de cinéma en plein air au stade. "Les petits de sept ou huit ans se faisaient une joie de cette soirée, vous auriez dû voir combien ils étaient dégoûtés", confie à l'AFP Samir Messikh. Les South Winners 1987, un des deux principaux groupes de supporters de l'OM, ont aussi appelé les "jeunes Marseillais" à faire preuve "de sagesse et de retenue".