Des scénarios pour les projets de transport proposés au gouvernement

Le COI suggère d'abandonner, ou de repousser à un horizon très lointain, certains projets tels que la ligne nouvelle Bordeaux-Dax. (Photo d'illustration)
Le COI suggère d'abandonner, ou de repousser à un horizon très lointain, certains projets tels que la ligne nouvelle Bordeaux-Dax. (Photo d'illustration) © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Conseil d'orientation des infrastructures a fait part de ses priorités en matière d'investissements dans les infrastructures ferroviaires et routières.

Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI), une commission composée d'élus et d'experts, a proposé jeudi ses scénarios d'investissements dans les transports pour les 20 prochaines années, constatant que rien ou presque ne pourrait être réalisé sans une forte augmentation des crédits. Chargée de faire le tri dans les nombreux projets laissés en jachère depuis plusieurs années pour cause d'absence de financement ou de contestations locales, cette commission a évalué ce qui était possible, en tenant compte des priorités du moment : les transports du quotidien et la nécessaire rénovation des réseaux existants, ferroviaire et routier.

Trois scénarios à l'étude. "Tout n'est donc pas possible, il faut choisir, définir des priorités parmi les projets nombreux espérés par les territoires", a relevé son président, l'ancien député socialiste Philippe Duron, dans son rapport à la ministre des Transports. Le COI propose "trois scénarios contrastés", en fonction des apports possibles de l'État. Le premier recense ce qui est envisageable si l'État met 48 milliards d'euros sur 20 ans, ce qui correspond peu ou prou au maintien du budget actuel. Il condamne la plupart des grands projets. Le deuxième, "bâti pour permettre de satisfaire les priorités du président de la République", fixe un budget d'environ 60 milliards pour l'État, toujours sur 20 ans. Le troisième, enfin, est plus volontariste, avec une note à 80 milliards.

Vers une augmentation des tarifs ? Pour trouver des fonds supplémentaires, le COI propose surtout d'"aller vers un meilleur recouvrement des coûts auprès des utilisateurs". Cela devrait essentiellement passer, selon lui, par l'affectation aux transports d'une part plus importante des recettes de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et une augmentation des prix des billets dans les transports publics. Quel que soit le scénario retenu, le Conseil propose de saucissonner la réalisation des infrastructures envisagées, en étalant les travaux dans le temps. Il suggère parallèlement d'abandonner, ou de repousser à un horizon très lointain, certains projets tels que la ligne nouvelle Bordeaux-Dax ou le doublement de l'autoroute entre Lyon et Saint-Étienne. La ministre des Transports Élisabeth Borne doit annoncer ses choix fin février. Le Parlement aura ensuite le dernier mot.

Les principaux projets ferroviaires et routiers qui pourraient être réalisés d'ici 2037, remis à plus tard ou abandonnés, selon le Conseil d'orientation des infrastructures

Les voies ferrées :

- Ligne nouvelle entre Paris et la Normandie : priorité à l'aménagement de la gare Saint-Lazare à Paris, puis à la réalisation de Paris-Mantes et du contournement de Rouen.
- Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse : priorité à l'aménagement des sorties de Bordeaux et Toulouse, puis au tronçon Agen-Toulouse.
- Ligne nouvelle Marseille-Nice : d'abord des améliorations du côté de Marseille, Toulon et Nice, puis une gare souterraine à Marseille Saint-Charles (qui ne serait plus en cul-de-sac), puis Nice-Cannes, et - bien plus tard - Aubagne-Toulon et Cannes-Le Muy.
- Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan : priorité à Montpellier-Béziers.
- Ligne nouvelle Roissy-Picardie : réalisation en donnant la priorité aux trains régionaux.
- LGV Bordeaux-Dax : remise à beaucoup plus tard.
- Contournement ferroviaire de Lyon et ligne nouvelle entre Lyon et le grand tunnel France-Italie (qui, lui, n'est pas concerné par le rapport) : remis à beaucoup plus tard au profit de la modernisation de l'axe Dijon-Modane pour le fret.
- Lignes nouvelles de Rennes vers l'ouest de la Bretagne et Nantes : remises à beaucoup plus tard au profit d'améliorations ponctuelles.
- Achèvement de la LGV Rhin-Rhône : remis à beaucoup plus tard.
- LGV de Paris vers Orléans, Clermont-Ferrand et Lyon (POCL) : abandonnée, au profit surtout d'améliorations de la ligne classique Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT).
- Projets d'électrification (lignes de Paris à Troyes, Laroche-Migennes à Auxerre, d'Angoulême à Saintes et Royan et d'Amiens à Rang-du-Fliers) : abandonnés au profit de l'utilisation de locomotives bimodes (diesel-électrique) ou à hydrogène, sauf la partie suburbaine de Paris-Troyes.
- Réouverture de Pau-Canfranc-Saragosse par le tunnel du Somport : abandonnée.

Les routes :

- Aménagement de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA) en Allier et en Saône-et-Loire (A79, N70, N79 et N80) : prioritaire.
- Contournement autoroutier de Rouen (A133 et A134), qui vient d'être déclaré d'utilité publique : confirmé.
- Achèvement de l'axe Rouen-Orléans, dans l'Eure-et-Loir (A154) : prioritaire, sous forme d'autoroute concédée.
- Autoroute Castres-Toulouse : confirmée sous forme d'autoroute concédée, à plus ou moins court terme.
- Autoroute A31bis (doublement de l'axe Toul-Nancy-Metz-Luxembourg) : nouveau tronçon à péage de Thionville au Luxembourg, élargissement de l'axe existant de Nancy à Metz, et demande d'études supplémentaires pour le contournement de Nancy.
- Contournement d'Arles (A54), dont le tracé est contesté : une solution doit être trouvée "dans les meilleurs délais".
- Autoroute A63 au sud de Bordeaux : élargissement via une concession.
- Autoroute de Salon-de-Provence à Fos-sur-Mer (A56) : construction sous forme d'une route ordinaire.
- Doublement de l'autoroute entre Lyon et Saint-Étienne : le COI conseille d'attendre les conclusions d'un grand débat sur les transports dans la région lyonnaise, en 2019, et d'étudier une alternative "acceptable par tous".
- Contournement autoroutier de Lyon : remis à beaucoup plus tard.
- Contournement autoroutier de Bordeaux : remis à beaucoup plus tard.
- Arc nord-ouest de l'autoroute A104 (La Francilienne) : remis à beaucoup plus tard.
- Contournement sud d'Avignon : remis à beaucoup plus tard, les collectivités locales pouvant reprendre le projet si elles le souhaitent.
- "Autoroute du Chablais" d'Annemasse à Thonon : le COI considère qu'il ne s'agit pas d'un axe national et suggère une concession par les collectivités locales.
- Contournement sud-est de Lille : abandonné.