Des policiers marocains chargés d'identifier des mineurs errants à Paris

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La prise en charge des mineurs marocains inquiète les autorités. Image d'illustration. © LUCAS BARIOULET / AFP
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avec AFP
La situation des mineurs errants du quartier de la Goutte d'Or inquiète les autorités. Souvent très jeunes, ils vivent de larcins et dorment dans des squares, refusant toute main tendue.

Des policiers venus du Maroc sont présents à Paris pour identifier, en vue de leur éventuel rapatriement, des mineurs marocains en errance dans le quartier de la Goutte d'Or, dont la prise en charge inquiète les autorités, a-t-on appris samedi auprès de la Chancellerie.

Une mission de six agents des ministères marocains de l'Intérieur et des Affaires sociales a été déployée dans la capitale française depuis le 18 juin, a précisé cette source, confirmant des informations de L'Obs.

Selon la Chancellerie, "cette mission se donne pour objectifs de réaliser, sous l'autorité et avec l'appui des services de police et de justice français, l'identification des jeunes" placés en garde à vue ou présentés à un juge. Elle tentera "de rétablir, en lien avec les autorités au Maroc, les liens familiaux, et quand cela s'avérera possible, d'envisager le retour de ces jeunes au Maroc, s'il est établi que ce retour correspond à l'intérêt supérieur de l'enfant", a ajouté cette source.

Ces mineurs "refusent en général les prises en charge". La situation des enfants des rues du quartier populaire de la Goutte d'Or, dans le XVIIIe arrondissement, inquiète les autorités depuis l'arrivée des premiers mineurs en 2016. Souvent très jeunes, abîmés par la drogue et agressifs, ils vivent de larcins et dorment dans des squares, refusant toute main tendue.

"Ces jeunes représentent une part très importante de l'activité de la permanence pénale du parquet des mineurs de Paris, puisque 813 d'entre eux ont été placés en garde à vue en 2017 et 482 ont été déférés au parquet. Ils refusent en général les prises en charge et fuguent des dispositifs de placement", a précisé le ministère de la Justice.

Cette situation a conduit Paris et Rabat "à renforcer leur coopération", a fait valoir la Place Vendôme.

"Ils vont devenir quoi si on les renvoie au Maroc ?" La révélation de l'envoi de fonctionnaires marocains à Paris a suscité de vives critiques dans les rangs des défenseurs des migrants mineurs. Quand ces enfants des rues "sont interpellés, on en profite pour les faire auditionner par des policiers marocains et ce, sans avocat présent. C'est contraire au droit et proprement scandaleux", a réagi Me Emmanuel Daoud. "La situation est difficile, mais la réponse relève d'une opération quasi clandestine qui ne fait pas honneur au ministre de l'Intérieur" Gérard Collomb, a affirmé l'avocat parisien.

Pour Me Daoud, "ces enfants étaient déjà dans la rue" avant d'arriver à Paris, "victimes de violences intrafamiliales" voire "aux mains de réseaux de traite d'êtres humains : ils vont devenir quoi si on les renvoie au Maroc ?"