Laurent Berger et Philippe Martinez. 2000*1000 1:26
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Olivier Samain, édité par Romain David , modifié à
Cette action coup de poing, menée lundi par une quinzaine de militants de la branche Energie de la CGT, sans l’assentiment de la direction confédérale, illustre les vives tensions qui se sont installées entre les deux syndicats à l'occasion de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Au 48e jour de grève contre la réforme des retraites, la discorde syndicale entre la CGT et la CFDT est toujours aussi vive. Une quinzaine de militants de la branche Energie de la CGT se sont introduits lundi matin dans le siège parisien de la CFDT, qui reste favorable à un système de retraites universel. Ils ont réussi, pendant quelques minutes, à couper le courant. Une enquête a été ouverte après cette intrusion. Dans un communiqué publié en début de soirée, la CGT a indiqué qu'elle "ne cautionne pas de telles actions et réaffirme son attachement à un débat démocratique dans lequel chaque organisation syndicale a le droit de défendre ses positions en propre". Mais cet épisode a plongé dans l’embarras la direction de la CGT tout au long de la journée de lundi.

La condamnation de la CGT est arrivée peu après 19 heures, lundi soir. Il a donc fallu huit heures, et un échange téléphonique entre Laurent Berger et Philippe Martinez, pour que la direction exécutive de la CGT sorte un communiqué désavouant la coupure de courant au siège de la CFDT. Huit heures qui illustrent le malaise qui a régné lundi dans les étages de la confédération à Montreuil.

La direction de la CGT devant le fait accompli

D'après nos informations, l'action a été préparée dans le plus grand secret par des militants du syndicat parisien de la CGT Energie. La direction fédérale a été placée devant le fait accompli, tout comme la direction confédérale. Quant aux syndicats CGT Energie des départements franciliens, dont les logos apparaissent dans le communiqué qui revendique l'action, ils n'étaient pas dans le coup au départ et on leur a, semble-t-il, forcé la main.

"Faut pas se le cacher, c'est une connerie. Cela nuit à l'image du combat que nous menons contre la réforme des retraites", concède un membre de la commission exécutive. Et en plus, regrette une autre source, "cela pose la CFDT en victime. Ça n'était vraiment pas le but".

De son côté, le secrétaire général de la CFDT annonce une plainte. "En quoi ces gens-là [qui se sont introduits au siège de la CFDT, ndlr] peuvent-ils se proclamer défenseur des travailleurs ? Je ne mets pas toute la CGT dans le même sac, mais je trouve cela scandaleux. Ils ne méritent pas d’être dans un syndicat", s’est indigné Laurent Berger lundi soir sur La Chaîne Parlementaire. "J’ai saisi Philippe Martinez de ce qui s’est passé. Il est sans ambiguïté à titre personnel pour me dire qu’il condamne", a-t-il encore précisé.