Des maires interdisent la vente de "gaz hilarant" aux mineurs : "Il y a une urgence"

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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Thibauld Mathieu , modifié à
Deux élus du Nord ont décidé d'interdire la vente de protoxyde d'azote aux mineurs. Disponible en supermarché, cette drogue en vogue chez les jeunes peut en effet avoir des conséquences graves sur la santé.
REPORTAGE

C'est le troisième produit psychoactif le plus consommé chez les jeunes, selon une étude de la mutuelle Smerep, en 2018. Vendu quelques euros seulement en supermarché, le "gaz hilarant" continue d'inquiéter. Ces petites capsules de protoxyde d'azote, utilisées pour les siphons à crème chantilly ou dans le milieu médical pour des anesthésies, sont détournées par les jeunes, qui les utilisent pour des "défonces express".

"On retrouve ces capsules sur l'espace public"

Après inhalation, les effets sont immédiats. On se met à rigoler, on a la tête qui tourne… "Ça fait chauffer le crâne un peu, on rigole pendant 30 secondes, et après plus rien" , raconte Lucas, 20 ans, au micro d'Europe 1. Le jeune homme a voulu essayer lors d'une soirée entre copains. "C'était simple et ça ne coûte pas cher", souligne-t-il. À peine deux euros la cartouche…

Le phénomène prend tant d'ampleur que que deux maires du Nord, à La Madeleine et Wattrelos, ont pris début juillet des arrêtés municipaux pour interdire la consommation et la vente de protoxyde d'azote aux mineurs. "On retrouve ces capsules sur l'espace public. En certains endroits, des capsules qui avaient été consommées sont laissées à même le sol", affirme le maire de La Madeleine, Sébastien Leprêtre. "Il y a une urgence". L'édile assure d'ailleurs recevoir des appels quotidiens d'autres mairies qui rencontrent elles aussi ce phénomène. Aussi bien en zone urbaine qu'en zone rurale.

Des effets potentiellement dangereux

Et si ce "gaz hilarant" a un nom sympathique, il peut provoquer "des troubles de la concentration, des pertes d'équilibres ou des troubles de la sensibilité…", énumère le docteur Ramy Azzouz, du centre antipoison de Lille. À plus forte dose, les risques peuvent être plus graves : lésions de la moelle épinière, troubles du rythme cardiaque… "Une cartouche par jour sur quelques semaines, ça déclenche des lésions neurologiques", prévient le médecin. Chaque année, le centre antipoison reçoit plus d'une centaine d'appels pour ce type d'intoxication.