Des associations s'opposent en justice au démantèlement de la "Jungle" de Calais

Environ 5.700 migrants vivent dans la "Jungle" de Calais, dont 1.300 mineurs isolés.
Environ 5.700 migrants vivent dans la "Jungle" de Calais, dont 1.300 mineurs isolés. © DENIS CHARLET / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Onze associations, parmi lesquelles Emmaüs ou le Secours catholique, s'opposent fermement au démantèlement de la "Jungle" de Calais tel qu'il est prévu.

Les associations dégainent l'arme judiciaire. Onze d'entre elles ont saisi mercredi soir en référé-liberté le tribunal administratif de Lille pour s'opposer au démantèlement programmé de la "Jungle" de Calais.

"Une atteinte aux droits fondamentaux des exilés". "Nous avons saisi le tribunal administratif de Lille, car en l'état, cette mesure d'évacuation constitue une atteinte aux droits fondamentaux des exilés", a déclaré Me Julie Bonnier, défendant les intérêts de onze associations, parmi lesquelles Emmaüs, le Secours catholique, l'Auberge des migrants. La date de la fermeture de la "Jungle" n'a pas été communiquée par les autorités. L'action en justice vise la préfète du Pas-de-Calais, en tant que représentante de l'État dans le département.

"Les vraies solutions pérennes ne sont pas trouvées". Le tribunal administratif doit statuer sous 48 heures", a précisé Me Bonnier, du barreau d'Évry, associée dans cette démarche à Me Lionel Crusoë, du barreau de Paris. "Les vraies solutions pérennes ne sont pas trouvées, c'est ce que nous redoutons et craignons depuis longtemps. Les personnes évacuées vont se retrouver privées de l'accès aux soins, à leurs droits, pas écoutées dans leur besoins et envoyés dans les CAO alors qu'ils n'ont rien y faire", a poursuivi Me Bonnier, qui avait déjà saisi le tribunal administratif de Lille en février pour s'opposer, en vain, au démantèlement de la partie sud de la "Jungle".

1.300 mineurs en question. La question des mineurs isolés constitue "un sujet fort" du référé, alors que près de 1.300 vivent dans le bidonville, selon un recensement rendu public mercredi par France Terre d'asile. Elle défendait également les migrants de Norrent-Fontes, dans le Pas-de-Calais, qui étaient sous le coup d'une demande d'expulsion de la mairie et de propriétaires privés, rejetée ce mercredi par le tribunal de Béthune en l'absence de "solution concrète et durable" pour leur relogement. "Évacuer, cela peut être un acte humanitaire s'il y a de vrais solutions", a aussi insisté Me Bonnier, assurant ne pas être "dans une opposition de principe". "On nous donne le mauvais rôle, celui de faire de la politique au travers de ce contentieux", a-t-elle estimé.