EDITO - "Il n'y a aucun doute sur le lien entre baisse du coût du travail et décrue du chômage"

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Nicolas Beytout, édité par Mathilde Durand
Le chômage est en baisse en France sur l'année 2019. Une bonne nouvelle que décrypte notre éditorialiste Nicolas Beytout, qui alerte quant à la tentation de changer de politique. "Il n’y a aucun doute sur ce lien de cause à effet entre coût du travail et emploi : ça s’est produit de la même manière partout où le chômage a baissé", affirme-t-il. 

Une fois n’est pas coutume : voilà une bonne nouvelle dans le domaine social. Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 3,3% en 2019 France. Nicolas Beytout, éditorialiste sur Europe 1, salue les résultats de la baisse du coût du travail grâce aux réformes sociales entamées il y a cinq ans.

"Une baisse qui concerne toutes les catégories de la population, les hommes et les femmes, tous les âges et toutes les régions. Un mouvement de fond, donc, qui permet au gouvernement d’espérer que la promesse de campagne du candidat Macron pourra être tenue : ramener le nombre des demandeurs d’emploi à 7% de la population active à la fin de son mandat. On est grosso-modo à mi-mandat et la moitié du chemin a été parcourue.

Des embauches malgré une croissance faible

Cette décrue du chômage, on le sait, est solide. D’abord, il faut bien comprendre que ce sont de vrais emplois - pas des stages parking, des soi-disant emplois d’avenir et autres inventions bureaucratiques dont la France s’était fait une spécialité.

Et puis, ce qui est frappant, dans ce recul du chômage, c’est que cela se produit alors que la croissance économique française est faible, à un niveau (autour de 1%) qui habituellement ne permet pas de créer beaucoup d’emplois. Si les entreprises embauchent malgré ce contexte peu porteur, c’est en partie grâce aux réformes sociales qui ont marqué la première partie du quinquennat : la simplification du droit du travail, la réforme de l’assurance-chômage, la relance de l’apprentissage, et plus généralement la baisse du coût du travail, entamée il y a 5 ans.

Et cela peut durer. A condition bien sûr de ne pas changer de politique ! Or la tentation, en ce moment, c’est bien de changer de politique économique. Lorsque tous les syndicats, toute la gauche et une partie de la majorité présidentielle exigent, à l’occasion de la réforme des retraites, de financer le déficit en augmentant les cotisations des employeurs, ils proposent tout simplement de tourner le dos à la politique de baisse des charges des entreprises qui a pourtant permis ce recul du chômage. Et il n’y a aucun doute sur ce lien de cause à effet entre coût du travail et emploi : ça s’est produit de la même manière partout où le chômage a baissé.

Les Français doutent, se divisent, manifestent

Pas sûr, pour autant, que ma décrue du chômage puisse servir la cote de popularité du gouvernement. En fait, le seul lien qui existe vraiment, il est négatif : mauvais résultats économiques et sociaux égal impopularité. Mais l’inverse n’est pas toujours vrai. Surtout dans un pays qui passe son temps à douter et qui est parmi les plus pessimistes du monde.

Ça fait partie du mystère français : le pouvoir d’achat augmente, le chômage recule, les impôts commencent à baisser, la croissance résiste, mais les Français doutent, se divisent, manifestent. Celui qui, dans les prochaines années, trouvera la clef pour retourner cette défiance du peuple français sera au pouvoir pour longtemps."