Bruno André sous préfet Guadeloupe 1:20
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Joanna Chabas, édité par Séverine Mermilliod
Alors qu'une refonte de l'ENA est prévue afin, entre autres, d'ouvrir son recrutement à de nouveaux profils, Europe 1 a rencontré vendredi Bruno André, sous-préfet de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, qui a commencé sa carrière en tant que... chauffeur routier. Portrait.
REPORTAGE

L'ENA, école nationale d'administration, va être remplacée par l'ISP, institut du service public, a annoncé jeudi Emmanuel Macron. Cet institut devra notamment être plus ouvert socialement concernant le recrutement de ses élèves. Et justement, Europe 1 vous présente vendredi un parcours que l'intéressé décrit lui-même comme atypique, preuve qu'il y a des exceptions à la règle. L'actuel sous-préfet de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, a commencé sa carrière en tant que chauffeur routier.

"Je n'étais pas doué pour l'école"

Bruno André n'aurait jamais imaginé devenir sous-préfet. "Mon père était gendarme, ma mère couturière. Je ne savais même pas que ça existait. Je n'étais pas doué pour l'école et donc j'ai cherché à aller travailler le plus rapidement possible. Et si on n'est pas agriculteur ou pêcheur, en Bretagne, à cette époque-là, on est facilement chauffeur routier", confie-t-il.

Chauffeur routier, gardien de musée...et sous-préfet

Chauffeur routier, puis menuisier, carreleur, Bruno André touche à tout, mais il peine à maîtriser la comptabilité. Alors, à 24 ans, il reprend ses études et pour continuer à gagner de l'argent, passe le concours public de gardien de musée. "Le jour, j'allais à la fac et la nuit, je travaillais. C'est là que je suis rentré dans la fonction publique. Progressivement, j'ai passé les différents concours de l'administration pour arriver enfin sous-préfet, à 44 ans".

Son parcours, forcément hors norme, l'aide au quotidien lorsqu'il gère les problèmes des hôpitaux, des agriculteurs et de ses administrés. "Quand je rencontre des chefs d'entreprise ou des artisans, je leur dis, j'étais artisan. Quand on me dit 'vous, les hauts fonctionnaires', je leur réponds que je n'ai pas toujours été haut fonctionnaire", relate le sous-préfet. "On peut créer cette proximité !"

Aujourd'hui, à 58 ans, le sous-préfet de Pointe-à-Pitre n'a plus à se poser de questions sur son avenir. Et pourtant, il continue de passer la visite médicale du permis poids lourd tous les ans. "Au cas où".