Quand Gussignies, petit village de l'Avesnois, dans le Nord, a appris qu'une soixantaine de migrants allait être logée dans un centre de vacances, il y a d'abord eu des réactions de rejet au sein de la population. "Vous allez voir des gens divaguer dans le village", explique l'un des 400 habitants de cette bourgade perdue dans la campagne. "Les [riverains] vont avoir une certaine crainte, faut l'avouer. On ne dit pas que tous ces gens sont des bandits, bien au contraire, mais là ce n'est pas possible."
"Personne ne viendra jusqu'ici s'en occuper". Pas possible, comme le voulait la sous-préfecture d'Avesnes-sur-Helpe, d'installer un centre aux infrastructures sommaires pour loger des réfugiés évacués de la jungle de Calais. D'autant plus qu'il aurait été situé au bas du village, loin du centre. "C'est vraiment planquer ces gens-là dans un coin", regrette ainsi Richard, l'un des voisins. "Personne ne viendra jusqu'ici pour s'en occuper. Ils vont être laissés à l'abandon." La levée de boucliers s'est donc organisée. À force de pétitions et de réunions publiques agitées, la sous-préfecture a décidé de faire marche arrière.
Projet mal pensé. Car même si certains, à Gussignies, pensaient qu'il fallait peut-être tendre la main aux réfugiés, il a fallu se rendre à l'évidence : le projet était mal pensé, inadapté à leurs besoins. "Le moindre paquet de cigarettes, le moindre paquet de biscuits, la moindre carte téléphonique, c'est à sept kilomètres d'ici", soupire-t-on du côté de la mairie. "Ces gens-là auraient tourné en rond toute la journée, cela a compté dans le recul de la sous-préfecture."
L'administration s'est donc mis en quête d'un autre lieu pour accueillir les migrants. Avec un risque : que la révolte de Gussignies donne des idées à d'autres.