Une équipe d'internautes de l'est de la France serait à l'origine de 25 arrestations de pédophiles dans le monde. 1:31
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Arthur Helmbacher, édité par Maxime Dewilder , modifié à
Les exemples d'internautes-enquêteurs qui traquent des pédophiles en ligne se multiplient. Avec parfois des résultats probants qui fournissent à la justice des commencements de preuves pour enquêter. Europe 1 a pu rencontrer un collectif de traqueurs qui agit depuis l'est de la France.

Quand les internautes traquent les pédophiles... et que ça marche ! Les exemples de citoyens-enquêteurs pour lutter contre la pédophilie en ligne se multiplient, comme à Vesoul, Dijon, Bordeaux et Vittel dernièrement où, à chaque fois, un suspect a été arrêté. Ces citoyens lambda s'improvisent justiciers du Web et passent des heures sur les réseaux sociaux à gérer des profils de faux enfants qui servent d’hameçon pour cybercriminels.

Derrière les deux dernières arrestations dans le Nord-Est de la France par exemple, il y a un groupe très organisé dirigé par un homme qui se dit "lanceur d’alerte" et qui, pour des raisons évidentes, veut rester anonyme. Son collectif s’appelle la "Team Moore". Car l'homme se fait appeler Steven Moore, assure qu’il a 40 ans et qu’il travaille comme commercial. "En 18 mois", affirme-t-il, "on a formé 1.600 volontaires". Comprendre 1.600 internautes qui traquent les pédophiles en ligne.

"Nous travaillons avec des photos de nous, adolescents"

Son équipe serait à l'origine de 25 arrestations dans le monde dont celles de Vesoul et Dijon dernièrement. "Nous, on crée juste des profils d'enfants sur les réseaux sociaux, on invente un scénario, on crée une histoire d'enfant", explique l'homme à la tête de la "Team Moore", qui insiste sur la légalité de sa démarche : "Il faut savoir que nous ne travaillons qu'avec des photos de nous, adolescents, ou avec un logiciel qui rajeunit des photos de nous". La "Team Moore" garde de cette manière le contrôle sur les photos d'enfants publiés.

"Nous n'allons pas chercher ces gens-là [les potentiels pédophiles, ndlr], nous ne les trouvons pas, nous ne proposons pas de rendez-vous", appuie-t-il encore. "Nous ne sommes pas des chevaliers blancs ou des chasseurs ! Nous ne faisons pas la justice nous-mêmes." Le but est de monter des dossiers clé en main pour faire en sorte que le procureur ne puisse pas ne pas ouvrir une enquête.

Et le procureur de Vesoul, Emmanuel Dupic, ne voit pas cette initiative d'un mauvais œil car il estime que "la justice doit s'adapter à son époque". "Il n'est pas question que la justice s'interdise d'utiliser ces commencements de preuve pour mener des enquêtes", assure-t-il encore. Cela étant, la bonne attitude, ajoute le magistrat, est, en cas de suspicion, de signaler les faits sur la plateforme Pharos du ministère de l'Intérieur.