Critiqué pour son "hijab de running", Decathlon se défend

Decathlon assure que le modèle sera vendu en France dans les prochains mois.
Decathlon assure que le modèle sera vendu en France dans les prochains mois. © JACK GUEZ / AFP
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L'équipementier assure que ce hijab "était un besoin de certaines pratiquantes de course à pied". Le produit pourrait être commercialisé en mars en France. 

Sous le feu des critiques, Decathlon assume. De nombreux internautes et plusieurs associations et personnalités politiques se sont indignés depuis dimanche de la présence sur le site de la marque d'un "hijab de running", à destination des femmes musulmanes voulant pratiquer la course à pied en gardant les cheveux et la nuque couverts. Mais si Decathlon assure que la mise en ligne de la fiche du produit était une erreur, ce dernier sera pourtant bien mis en vente dans les prochains mois. 

"Validé pour son confort et sa respirabilité". "Ce vêtement en polyester permettra à celles qui décideront de le porter de gagner en confort lors de leurs séances", assure Decathlon sur la page du produit, supprimée depuis. Le hijab de course, poursuit la marque, a été "testé plusieurs fois par vingt femmes qui portent habituellement le hijab", et "validé pour son confort et sa respirabilité". 

Des critiques à droite comme à gauche. Très vite, l'annonce a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, notamment d'associations et de personnalités politiques, de droite comme de gauche. "Decathlon se soumet également à l'islamisme", a ainsi tweeté la porte-parole de LR Lydia Guirous, et "renie donc les valeurs de notre civilisation sur l'autel du marché et du marketing communautaire". L'ancienne ministre du Droit des femmes Laurence Rossignol a elle relayé un communiqué de la Ligue du droit international des femmes et du Comité laïcité république, qui accusent Decathlon de se faire "le promoteur de l'apartheid sexuel". La député socialiste Valérie Rabault s'interroge quant à elle sur un éventuel boycott de l'équipementier. 

Enfin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn aurait "préféré qu'une marque française ne promeuve pas le voile". "Ce n'est pas interdit par la loi, cependant, c'est une vision de la femme que je ne partage pas. Je trouve que ça ne correspond pas bien aux valeurs de notre pays", a déclaré la ministre sur RTL mardi matin. 

Decathlon "ne faiblira pas" devant la polémique. Face aux critiques, Decathlon a défendu son produit, assurant notamment ce hijab "était un besoin de certaines pratiquantes de course à pied, et nous répondons donc à ce besoin sportif". "Nous avons toujours tout fait pour rendre la pratique du sport plus accessible, partout dans le monde". Interrogé par Europe 1, Decathlon "assume absolument le désir intangible qui est le sien depuis 43 ans, depuis que l'entreprise existe, de rendre le sport accessible à tous."

"Dans cette logique, nous assumons aujourd'hui notre décision de rendre disponible ce produit aux pratiquantes, où qu'elles soient, quelle que soit leur culture, quel que soit leur niveau, quelle que soit leur origine. C'est la position de Decathlon aujourd'hui, et nous ne faiblirons pas en la matière", affirme le responsable de la communication interne de Decathlon United, Xavier Rivoire.

Le hijab pourrait être commercialisé en France en mars. Après avoir assuré dans un premier temps que le produit avait été créé pour le marché marocain, et que la présence de l'annonce sur le site français était une erreur, Decathlon a finalement assuré que le produit serait bien vendu en France dans les prochains mois. "Nous avons eu un dialogue interne pour savoir si ce produit devait être rendu disponible partout dans le monde, et la réponse donnée par le groupe est oui", affirme au Parisien Xavier Rivoire, assurant que le hijab devrait être commercialisé en France "en mars". Mais la décision finale reviendra aux responsables locaux des magasins.

Dans sa défense, Decathlon rappelle aussi que l'équipementier Nike commercialise déjà depuis plusieurs mois ce même type de hijab.