Les trackers sont généralement utilisés sur les départs de feu, avant l'intervention plus massive des canadairs. (Image d'illustration) 3:30
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, édité par Romain David , modifié à
TÉMOIGNAGE - Pour Europe 1, Thierry Loine, officier de sécurité aérienne de la base de Nîmes-Garons, évoque la mémoire de son ami Franck Chesneau et revient sur l'accident qui a coûté la vie à ce pilote vendredi.

Il est arrivé au poste de commandement des sapeurs-pompiers du Gard installé à Générac en larmes. Thierry Loine était un ami très proche de Franck Chesneau, mort vendredi dans le crash de son bombardier d’eau, alors qu’il tentait d’éteindre l’un des incendies qui ont ravagé pendant cinq jours la région. "Je perds un ami, un frère d’arme", a-t-il confié à Europe 1, encore sous le coup de l’émotion.

"On est rentré dans l’armée quasiment la même année, et cela faisait 27 ans que l’on se suivait dans nos carrières respectives", rapporte cet officier de sécurité aérienne de la base de Nîmes-Garons, qui vole également sur des Trackers, ces bi-turbopropulseurs généralement utilisés sur les départs d'incendie, avant l'intervention des canadairs. "Ça faisait longtemps que ça ne nous était pas arrivé. Je crois que l’on perd l’habitude de ces moments difficiles", glisse-t-il.

"On sait que l’on fait des métiers à risques, que l’on est des professionnels, on est entraîné pour ça, et bien entraîné. Nous ne sommes pas des chiens fous, mais lorsque l’on est confronté à ce type de danger, déclenché par la bêtise humaine, c’est rageant", explique Thierry Loine, alors que les autorités privilégient la piste criminelle quant à l’origine des feux.

Piloter un bombardier, "c’est vraiment de l’aéronautique à la grand-papa"

Une source proche de l’enquête a confié à l’AFP samedi que le pilote décédé a pu être "victime d’une perte de repère", causée notamment par la fumée très sombre qui s’est dégagée du feu. "La difficulté de ce métier-là, c'est que l’on est tout seul dans un avion. On n’a pas d’aide au pilotage, c’est vraiment de l’aéronautique à la grand-papa", explique Thierry Loine, toujours au micro d’Europe 1.

"C’est du pilotage à l’instinct dans une aérologie [l’ensemble des conditions météorologiques de la basse atmosphère, ndlr] qui est toujours différente parce que le feu crée son propre vent, parce que ces feux ne sont jamais les mêmes, ni les températures", détaille ce pilote. "C’est une remise en question permanente. C’est ce qui fait la difficulté et la beauté de notre métier."

Thierry Loine décrit encore Franck Chesneau comme "un homme au grand cœur". "Il était toujours prêt à rendre service. Il avait le sens du sacrifice, de l’abnégation, toutes les valeurs qui me paraissent essentielles dans ce métier. Ils les portaient très haut. C’est le souvenir que je garderai de lui", conclut-il.