Correctifs académiques au brevet : une machine à «faire passer les élèves au niveau supérieur» selon des professeurs
Gabriel Attal veut mettre fin aux correctifs académiques : il s’agit d’une mesure incluse dans le "choc des savoirs" et donc annoncée en décembre dernier. Pour plus de transparence, et afin de rehausser l'exigence du brevet et du bac, le Premier ministre veut ainsi supprimer le gonflement artificiel des notes dès cette année.
Cette pratique est courante dans certains rectorats, en particulier au brevet. Pour lisser les résultats au niveau national et ne pas stigmatiser les territoires où les élèves réussissent le moins, le taux de réussite est parfois relevé . C’est une information publiée dans le quotidien Le Figaro le 21 mars dernier.
Une différence de cinq point dans l’académie de Versailles au brevet
D’après des chiffres révélés par le journal Le Figaro, l’académie de Versailles gonfle par exemple son taux de réussite au brevet de cinq points. En 2023, ce taux passe de 85 % à 90 %, après redressement des notes par le rectorat. "Sur 36 copies que j'ai corrigé, j'ai 11 élèves qui n'avaient même pas écrit un seul mot dans le développement construit", témoigne Joseph Vergnaud, enseignant d’histoire-géo au collège dans l’académie de Versailles et correcteur de copies au brevet l’an dernier.
"Dans mon lot de copies corrigées, c'est évident qu'il y en a qui ont eu le brevet, voir qui ont pu l’avoir avec mention… Beaucoup vont vraiment avoir de grosses difficultés en seconde", déplore-t-il.
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"À Créteil c’est particulièrement marqué", témoigne une prof
Dans l’académie de Créteil, les résultats augmentent d’environ six points au brevet. Une culture de la "sur-notation" qui se poursuit jusqu’en Terminale… "Lorsque l'on corrige les copies du bac, on va valoriser un mot-clé, même si la réponse est fausse !", confie anonymement une professeure d’économie en Seine-Saint-Denis. "Il y a un sentiment d'injustice, de non-valorisation de notre travail et aussi du travail des élèves ", regrette-t-elle.
"Pour l’évaluation du contrôle continu, on peut être convoqué pour nous demander de remonter les notes", ajoute l’enseignante. "Une chose est sûre, c'est qu'à Créteil c'est particulièrement marqué… Car on a un niveau qui est de plus en plus faible mais personne ne dit son nom." Pour elle, l'école est devenue une machine à "faire passer les élèves au niveau supérieur" et non plus à les "faire réussir".