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Jean-Jacques Héry et Romain David
Désormais en possession de toutes les notes du baccalauréat, certains jurys ont dû délibérer à nouveau avant de faire passer les oraux de rattrapage lundi.

Le cru 2019 restera sans doute comme l’un des plus mouvementés dans l'histoire du baccalauréat. Lundi, les oraux de rattrapage de l'épreuve ont démarré dans la plus grande cacophonie. Dans la mesure où des professeurs qui avaient fait de la rétention de copie sont venues les rendre dans la matinée, les jurys se sont retrouvés en possession de l’ensemble des notes de l’examen, et ont donc décidé pour de délibérer à nouveau plutôt que de faire directement passer les oraux.

"Le choix de notre jury est de refuser le dilemme imposé par Jean-Michel Blanquer entre note d’examen et note de contrôle continu", explique au micro d’Europe 1 Paul, professeur d'histoire-géo au lycée Le Corbusier à Aubervilliers, où la plupart des oraux de rattrapage ont été annulés. Les membres du jury souhaitaient en effet réexaminer les dossiers de tous les élèves en se basant sur les notes réelles obtenues à l'examen avant de leur accorder le droit de passer l'oral.

Des relevés de note chamboulés par les vrais résultats

Vendredi, afin de pouvoir assurer la divulgation des résultats du bac, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, avait annoncé que les notes manquantes, du fait de la rétention organisée par les correcteurs grévistes, seraient remplacées par celles du contrôle continu. "En reprenant tous les dossiers et en rentrant les notes de l’examen qui manquaient, on s’est aperçu que 88% des relevés de notes - si on reprenait les règles exactes du baccalauréat telles que définies par le code de l’éducation - étaient modifiés. Cela implique que des candidats déclarés bacheliers vendredi sont en dessous des résultats et, dans l’autre sens, il y a aussi des gens recalés qui maintenant sont devenus bacheliers", constate Paul.

"Une falsification juridique"

De son côté, le ministre a indiqué que seule la meilleure des deux notes, entre celle de l’examen et celle du contrôle continue, serait retenue pour éviter toute déconvenue aux candidats. Mais pour notre enseignant, ce principe consacre une rupture d’équité. "Monsieur Blanquer a promis qu’aucun résultat ne serait revu à la baisse, ce qui implique une falsification juridique, c’est-à-dire de remplacer des notes véritables par des fausses notes ou des notes de contrôle continu", explique-t-il. "On lui laisse la responsabilité de cette falsification juridique. Nous, en tant que fonctionnaires, on ne fait pas ça."