"Nous sommes d'origine tchétchène mais nous restons aussi des citoyens français"

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Margaux Baralon , modifié à

Un professeur d'histoire a été décapité, vendredi, à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, par un jeune homme d'origine tchétchène. Par la suite, le député LFI Jean-Luc Mélenchon a fustigé cette communauté, estimant qu'il y avait "un problème" avec elle. Un amalgame que dénonce Naïm, lui-même tchétchène, sur Europe 1.

"Je pense qu'il y a un problème avec la communauté tchétchène en France." Cette phrase, lâchée par le député LFI Jean-Luc Mélenchon sur LCI dimanche, était une réaction à l'assassinat, deux jours plus tôt, du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Celui-ci a en effet été décapité par un jeune homme de 18 ans, né à Moscou mais d'origine tchétchène. Si son co-député Adrien Quatennens a, depuis, reconnu une "erreur" avec cette formulation, celle-ci n'a pas manqué de faire réagir. Les politiques, mais aussi les membres de cette communauté, comme Naïm. Sur Europe 1, celui-ci confie n'avoir "pas trouvé [ces propos] très rassurants".

"On n'a pas voulu ça"

"À partir de l'acte d'un seul homme, Jean-Luc Mélenchon parle de toute la communauté, nous accuse tous alors qu'on n'a pas prévu ça et qu'on ne l'a pas voulu", regrette-t-il. "J'ai l'impression que la population a peur de nous, comme si nous étions un peuple guerrier qui n'accepte pas le progrès, les valeurs de la laïcité."

Naïm poursuit : "Nous sommes d'origine tchétchène mais nous restons aussi des citoyens français. On voudrait juste vivre en France tranquillement, en pratiquant notre religion de notre côté sans le montrer en public." Lui assure "respecter la laïcité, la liberté d'expression, tout ça. Ce que [le tueur] a fait, ce n'est pas ce qu'on veut représenter, ce n'est pas ce qu'on représente."

Les Tchétchènes d'Europe appellent à porter plainte contre Mélenchon. L'Association des Tchétchènes d'Europe a demandé à ses membres de déposer plainte contre Jean-Luc Mélenchon pour "incitation à la haine", a annoncé mardi son porte-parole Albakov Schamil. L'association, qui ne peut pas elle-même déposer plainte pour des raisons juridiques, étudie "avec un avocat" la possibilité de faire porter sa plainte par une association comme la Ligue des droits de l'Homme. En attendant, l'association a envoyé à chacun de ses membres résidant en France une plainte rédigée à remplir et à signer avant de l'adresser au procureur de la République de Paris contre le chef de file de la France insoumise.