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Aurélien Fleurot, édité par Rémi Duchemin
Beaucoup de gens se retrouvent démunis quand ils assistent à un cas de harcèlement sexiste ou sexuel dans les transports en commun. Pour répondre à cette problématique, le programme "Stand-up" a été lancé, avec des formations gratuites dispensées dans des gares. Exemple à Paris, à la gare de Lyon.
REPORTAGE

Dimanche a eu lieu la Journée internationale des droits des femmes. Mais c’est toute l’année, à chaque instant, qu’il faut mener ce combat, notamment dans les lieux publics, et particulièrement dans les transports en commun, où 81% des femmes disent avoir été harcelées, selon une enquête menée par la FNAUT, fédération nationale des associations d'usagers des transports. Pour lutter contre le phénomène, un programme, baptisé "Stand-up", a été lancé à destination des témoins de ces scènes. Des formations gratuites sont dispensées, comme à la gare de Lyon. Europe 1 a assisté à la séance.

"80% des témoins ne régissent pas. Et c’est pour ça qu’on en est là aujourd’hui", démarre la formatrice au début des 20 minutes de cette masterclass express. "C’est la méthode des cinq D, parce qu’il s’agit de cinq mots qui commencent tous par la lettre D et qui proposent cinq manières différentes de réagir face à du harcèlement dans l’espace public en tant que témoin", poursuit la jeune femme.

Les 5 D pour déléguer, dialoguer, diriger, documenter et distraire. "Une manière qui fonctionne très bien et qu’on propose souvent, c’est le fait de faire semblant de reconnaître la personne qui vit la situation de harcèlement en faisant ‘oh Sarah, ça fait super longtemps qu’on ne s’est pas vus. Comment tu vas ?’", cite en exemple Estelle Chataigner, chargée de prévention pour l'Association En Avant Toutes. "Parce que ça fonctionne très bien et que très régulièrement, la personne comprend qu’on est en train de l’aider."

"Les femmes vont prendre les transports en commun différemment, changer"

Et puisque parmi les usagers des transports, deux tiers sont des femmes, démarrer cette campagne dans les gares était une évidence pour Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des Femmes. "Les femmes vont prendre les transports en commun différemment, changer de parcours de transport. Par exemple, s’habiller différemment, ne pas sortir parce qu’elles ne savent pas comment elles vont faire pour rentrer à cause du harcèlement", explique l’auteure de Tu Seras Une Femme, guide féministe pour ma nièce et ses amies. "Donc on est vraiment sur un phénomène qui va limiter la liberté des femmes, leur liberté de mouvement."

Le projet "Stand-up" est soutenu par la région Ile-de-France, dont la présidente, Valérie Pécresse, rappelle qu'assurer la sécurité passe aussi par la vidéo-surveillance. L'intégralité du réseau francilien doit ainsi être équipé de caméras fin 2021. Cela passe aussi par des moyens humains, avec un budget annuel de 140 millions d'euros.

"On va mettre en plus cette année 250 personnes de sécurité privée"

"Nous avons aidé la SNCF et la RATP à recruter davantage de personnels de sécurité. Mais leur personnel de sécurité sont des personnels armés, qui ont une formation lourde, c’est compliqué", explique Valérie Pécresse. "Donc on va mettre en plus cette année 250 personnes de sécurité privée pour permettre d’avoir encore plus de présence humaine."

Et après les transports en Ile-de-France, la formation "Stand-up" s'installera dans toutes les régions et également dans d'autres lieux comme les festivals de musique, dès l'été prochain. Cette formation est disponible pour tous sur le site www.standup-france.com