violences conjugales 3:17
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Solène Leroux , modifié à
En 2020, les services de police et de gendarmerie ont enregistré une hausse de 10% des violences conjugales. 159.400 personnes sont concernées, tout sexe confondu. Invité d'Europe Midi, la responsable de l'Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes en a expliqué les raisons.
ANALYSE

En 2020, environ 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, une proportion stable par rapport à 2019, selon ces chiffres du ministère de l'Intérieur, qui ne comptabilisent pas les homicides. Les violences conjugales ont augmenté de 10% lors du premier confinement, si l'on prend en compte la date de commission des faits, par rapport à la même période en 2019. Invité de Romain Desarbres dans Europe Midi, Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes, voit trois raisons principales à cette hausse.

Davantage de signalements

Tout d'abord, "le confinement a fait de la maison le lieu de tous les dangers", les violences ont donc logiquement augmenté. Ensuite, pendant la période du premier confinement, "il y a eu une campagne de communication très importante pour dire aux femmes, aux voisins, aux amis, aux collègues de travail : 'aidez à la révélation des violences'". Et selon l'ancienne coordinatrice nationale de la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains, "ça a marché".

Enfin, "les forces de sécurité ont eu des instructions précises pour réagir vite et bien, et d'où les 10% supplémentaires [de signalements] pendant la période du confinement". Et d'ajouter que "les femmes ont été encouragées à révéler" les violences qu'elles subissaient, et "apparemment les forces de sécurité ont aussi suivi, ce qui est aussi très encourageant". Pour Ernestine Ronai, "cette augmentation de 10% est importante et montre qu'on peut s'améliorer dans la prise de plaintes et dans la révélation des violences", même si elle pointe les limites de ces résultats. "Ce qui manque, c'est de savoir ce que deviennent ces signalements : est-ce que ce sont des plaintes, est-ce que ce sont des mains courantes ? Et puis derrière, qu'est-ce qu'il se passe ?"

Une coopération associations/autorités indispensable

Interrogé par Romain Desarbres sur les deux départements les plus touchés par les violences conjugales, la Guyane et la Seine-Saint-Denis, la responsable de l'Observatoire a rappelé qu'un partenariat existait dans son département, afin que "les forces de sécurité soient davantage formées à prendre les plaintes et à les prendre au sérieux". Elle a également insisté sur les associations réalisant un travail de terrain "qui favorise la révélation des violences par les femmes". Une association des autorités et de personnes de la société civile indispensable à son sens. "Il y a réellement un tissu social et une prise de conscience des forces de sécurité et des associations sur la dangerosité des hommes violents et donc sur la nécessité de signaler et de prendre les signalements."