Pour la ligue de protection des oiseaux, la déclaration du Conseil d'Etat est une victoire "historique". 1:11
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Diane Berger, édité par Yanis Darras
Après plusieurs années de bataille entre les écologistes et les chasseurs, le Conseil d'Etat a déclaré ce lundi la chasse à la glu illégale. Une nouvelle "historique" pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, mais qui déplait à Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs.
DÉCRYPTAGE

Après plusieurs années de lutte entre les chasseurs et les défenseurs des animaux, la chasse à la glu a été déclarée illégale par le Conseil d'Etat, lundi. La plus haute juridiction administrative française annule ainsi les dérogations accordées par l'Etat à cette pratique, jugée "contraire au droit européen". "C'est un vrai soulagement pour le combat qu'on a engagé mais c'est avant tout un soulagement pour les oiseaux, y compris ceux qui sont protégés", souligne le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Allain Bougrain-Dubourg.

Une victoire "historique"

"Il a quand même fallu cinq ans pour qu'on obtienne satisfaction en allant jusqu'à la Cour européenne de justice qui a éclairé le Conseil d'Etat, lequel considérait que cette démarche était illégale", explique le président de la LPO sur Europe 1. Jusqu'à présent, cinq départements du Sud-Est de la France pratiquaient encore cette chasse "traditionnelle", qui vise avant tous les merles et les grives. Mais d'autres espèces se retrouvent elles aussi collées dans ces pièges, provoquant des dommages irrémédiables pour ces dernières, estimait en mars la Cour de justice de l'Union européenne.

Après cette première victoire qu'il qualifie "d'historique", Allain Bourgrain-Dubourg souhaite continuer le combat : "On va tirer le fil. Il y a d'autres méthodes de piégeage en France qui sont tout à fait odieuses. Dans le Massif Central, on écrase avec des pierres plates les oiseaux, par exemple. On est quand même au 21e siècle, on peut faire des prélèvements autrement que par ces pièges non-sélectifs et douloureux", estime-t-il. 

"Il y a une vision punitive de l'écologie qui est en train de s'installer"

Pour certains chasseurs français, la déclaration du Conseil d'Etat est au contraire vécue comme un acharnement. "Quelques centaines de personnes qui attrapent quelques milliers d'oiseaux dans un petit coin de la France qui s'appelle la Provence et qui font ça depuis des siècles sans jamais faire mal à la nature (…), c'est barbare ?", s'énerve auprès d'Europe 1 le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen. 

"On vient de priver ces gens de ça juste par pur dogmatisme et parce qu'il y a une vision punitive de l'écologie qui est en train de s'installer dans ce pays et au niveau de la Commission européenne, comme on ne l'a jamais connu", regrette-t-il.