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Charles Guyard (correspondant dans l'Eure) / Crédit photo : ARNAUD LE VU / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Avec des milliers d'envois par jour, certains colis finissent fatalement par se perdre. Une mine d'or désormais exploitée par plusieurs entreprises, qui revendent au kilo les colis jamais réclamés, via des paquets mystères. Europe 1 s'est glissée dans l'entrepôt de l'une d'entre elles, à Bois-Arnault dans l'Eure.
REPORTAGE

À quelques jours de Noël, les services de livraison voient défiler des millions de colis. Et fatalement, des centaines se perdent en cours d'acheminement… et ne sont jamais réclamés. À cela s'ajoute la loi anti-gaspillage, qui interdit désormais de détruire des marchandises non-alimentaires. Et plutôt que d'y voir une charge dont on ne peut plus se débarrasser, certaines entreprises l'ont transformé en véritable mine d'or. C'est le cas de Flamingo Box, à Bois-Arnault, dans l'Eure.

Là-bas, dans un grand entrepôt, des dizaines de milliers de colis jamais arrivés à destination et jamais réclamés sont revendus au kilo via des paquets mystères. Et ça marche. "Il ne reste plus qu'à combler avec un dernier colis pour arriver au poids". En moins d'une minute, Philippe remplit un grand carton avec plusieurs colis, le tout posé sur une balance. "On est à 10,3 kilos et ça part au client". Et le client en question, c'est Jonathan. Il vient de payer 108 euros pour des colis emballés dont il ignore tout du contenu.

Du hasard, mais jamais du luxe

"On ne sait pas, c'est la surprise. Si cela nous intéresse, on garde et ça ne nous intéresse pas, on revend le reste", explique l'acheteur. Et le reste lui a déjà permis de faire de bonnes affaires. "Par exemple, un pommeau de douche qui vaut 25 euros, deux appareils de cuisine qui valaient 30 euros pièce, c'est vraiment du hasard. Normalement, on est censé faire un bénéfice sur chaque carton", ajoute-t-il.

Du bénéfice, peut-être, mais pas de quoi faire fortune dans les colis. Il s'agit surtout de produits fabriqués en Asie que récupère William Mourrière, le fondateur de Flamingo Box. "Des marques de luxe, il n'y en aura jamais. En général, ce que l'on trouve dedans, c'est 40 à 50 % de vêtements, de la décoration, de la vaisselle, des accessoires de voiture. Il peut y avoir des téléphones portables", assure-t-il. "Ce n'est jamais la même chose Et c'est ce qui fait la force de ce projet. C'est Noël toute l'année", vante le fondateur. Un Noël rendu possible par les quelque 30 tonnes de colis réceptionnées chaque mois ici et estampillées "NPS", pour "n'habite pas à l'adresse indiquée".