David Fritz Goeppinger et Stéphane Toutlouyan 2:02
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Gwladys Laffitte , modifié à
Ils se sont rencontrés dans des circonstances évidemment particulières, le 13 novembre 2015, au Bataclan. Près de six ans plus tard, David Fritz-Goeppinger et Stéphane Toutlouyan sont devenus amis et affrontent ensemble le procès des attentats, à la fois "addictif" et "dramatique". Sur Europe 1, ils racontent leur histoire singulière.
TÉMOIGNAGE

La quatrième semaine de témoignages des victimes et survivants des attentats a commencé lundi au procès du 13 novembre, à Paris. Depuis trois semaines, les rescapés du Bataclan racontent leur calvaire, qui a parfois pu déboucher sur du positif. C'est le cas de cette belle histoire de deux amis qui s'appellent entre eux les "potages", contraction de potes et otages. Durant de longues heures, David Fritz-Goeppinger et Stéphane Toutlouyan ont fait partie de cette dizaine de spectateurs pris en otage par deux des terroristes du Bataclan. Ils ne se connaissaient pas, mais ils sont depuis devenus très amis. 

"Je rencontre Stéphane durant la prise d'otages au Bataclan", se souvient David, 29 ans, qui doit raconter mardi à la cour ce qu'il a vécu. "Je me rappelle de quand je l'ai vu, en me disant qu'il y a un mec en costard. C'est l'un des trucs qui, derrière, m'a poussé à le rechercher. 'Mais c'est qui ce gars en costard à un concert de rock ?' T'avais ta casquette ce soir-là ?", demande-t-il à Stéphane, âgé de 54 ans. "Non, je sortais du boulot", répond le quinquagénaire. "Je sais pas, t'as tout le temps ta casquette maintenant." "Oui, mais pas quand je vais au boulot !" 

"On s'est d'abord touchés avant de se voir"

Entre les deux, la complicité est née quelque part dans la salle de concerts parisienne, ce soir de novembre 2015. "On s'est d'abord touchés avant de se voir puisque quand on arrive dans le couloir, David me prend la main et me dit 'ça va aller'", rembobine Stéphane. "En fait, je me suis dit 'comment je peux passer deux heures et demie à côté de quelqu'un sans le toucher ?' Je me demandais s'il avait une famille, ce qu'il faisait dans la vie. Je voulais me rapprocher de l'humain", éclaire David. 

 L'issue de la soirée sera positive pour les deux otages, libérés après l'assaut. "Dans la foulée, j'avais besoin de retrouver les gens qui avaient vécu la même chose parce que ce n'était tellement pas crédible qu'il fallait que j'échange avec ces otages", confie Stéphane, qui parle de ce groupe "comme d'une famille" formée par "la puissance de ce qui nous unit". "On n'a pas besoin de se donner des preuves de cet amour parce que finalement, c'est un peu plus que de l'amitié", lâche l'ex-otage.

Un aspect "positif" au procès

Qu'en est-il de cette amitié près de six ans plus tard ? "Aujourd'hui, on est 'passé à autre chose' vis-à-vis de l'événement. On a une relation amicale qui est très forte", affirme David. Des liens renforcés par la passion commune des deux ex-otages, à savoir "le rock'n'roll et le live", les amis étant fans du groupe Eagles of Death Metal, qui jouait ce soir-là.

Ce mardi, David devra donc raconter ce qu'il a vu et vécu le 13 novembre 2015. Ce stress, ces rencontres, cette libération d'être sorti du Bataclan sain et sauf. Pour Stéphane, cette séquence judiciaire est particulière : "Ce procès, il est addictif parce qu'on retrouve des gens avec lesquels on partage beaucoup de choses et donc on a envie de les voir, d'être à côté d'eux, de discuter avec eux. En même temps, le contexte est un peu particulier, un peu dramatique. Il y a quand même cet aspect plutôt positif. En tout cas, moi, je le perçois comme ça." L'important, pour David ? "Savoir que je ne me tiens pas seul dans la salle d'audience. Je sais qu'il est là."