"C'est du bla-bla, comme d'habitude" : dans l'Aisne, des "gilets jaunes" guère convaincus par les vœux d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron n'a pas cité nommément les "gilets jaunes" dans ses vœux présidentiels.
Emmanuel Macron n'a pas cité nommément les "gilets jaunes" dans ses vœux présidentiels. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Jihane Bergaoui, édité par , modifié à
À Château-Thierry, dans l'Aisne, les "gilets jaunes" qui ont écouté les vœux d'Emmanuel Macron sont pour le moins réservés. Ils estiment que le président les a oubliés.
REPORTAGE

Emmanuel Macron ne les a jamais cités nommément lors de ses vœux présidentiels mais les "gilets jaunes" étaient omniprésents dans son discours, lundi soir. "Nous avons vécu de grands déchirements", a-t-il avancé, évoquant simplement "une colère qui vient de loin (…) contre des changements profonds qui interrogent notre société". Un message diffus qui n'a pas franchement convaincu les "gilets jaunes", par exemple à Château-Thierry, dans l'Aisne, où une vingtaine de manifestants ont passé le réveillon sur un rond-point à l'entrée de la ville.

"On crèvera toujours la dalle". Éric et Michaël, "gilets jaunes" au chômage, ont suivi les vœux du chef de l'État le téléphone collé à l'oreille et ils sont pour le moins réservés. "Respecte-nous déjà !", lancent-ils quand Emmanuel Macron évoque "le respect dû à chacun". "Il fait des grandes phrases mais finalement, on arrive à rien", s'exaspère Éric. "Si on est là depuis le départ, c'est à cause de ça : le smicard, il aura toujours la même chose et on crèvera toujours la dalle. Pour moi, c'est du bla-bla, comme d'habitude." La majorité de ses camarades du réveillon ont d'ailleurs préféré boycotter les vœux du président.

"On reste là !". Après les 16 minutes de l'allocution du président, Éric range son téléphone, déçu, presque les larmes aux yeux : "On s'en fout de nous ! On évacue les ronds-points et on ne veut plus entendre parler de nous", s'émeut-il. "Il a parlé de ceux à qui il a accordé des choses mais nous, les 'gilets jaunes', il nous a complètement zappé. Je ne suis pas d'accord ! On reste là", renchérit Michaël. À Château-Thierry, les "gilets jaunes" se disent prêts à occuper leur rond-point pendant encore plusieurs semaines, jusqu'à ce qu'ils s'estiment considérés.