Ces infirmières qui fuient la grande misère de l'hôpital public pour aller travailler en Belgique

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Lionel Gougelot, édité par Romain David

De nombreux personnels de santé, généralement fraîchement diplômés, choisissent de franchir la frontière pour aller travailler dans des hôpitaux belges où ils trouvent des salaires plus élevés, mais aussi une meilleure reconnaissance de leur travail.

C'est un coup d'éclat que les médecins hospitaliers préparent depuis longtemps. Ils sont plus d'un millier à lancer un avertissement à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, en posant leur démission de leurs fonctions administratives, faute d'une négociation sur le budget et les salaires de l'hôpital. Ces médecins demandent notamment une rallonge supplémentaire de 600 millions d’euros pour cette année. Conséquence de la crise au sein de l’hôpital public : les personnels sont de plus en plus nombreux à aller travailler là où ils sont mieux payés.

Ainsi, dans la région lilloise, des infirmières tout juste diplômées franchissent la frontière pour aller travailler en Belgique. Elles y trouvent des salaires plus attractifs et des conditions de travail plus épanouissantes. "Sur ma fiche de salaire je le vois, je gagne plus que mes collègues de promo qui travaillent en France." Son diplôme d’infirmière en poche, Naomi n’a pas hésité longtemps avant de signer un premier CDD à 2.200 euros brut par mois à l’hôpital de Mouscron.

Les salaires y sont supérieurs en moyenne de 40% par rapport à la France, et les conditions de travail sont également plus épanouissantes. "Mes stages m’ont poussé à vouloir travailler en Belgique. Ils sont plus conscients du travail effectué par les infirmières. Je ne regrette pas mon choix, car ici on a écouté mon vœu de vouloir travailler aux urgences. En France, il était difficile de pouvoir intégrer un service dans lequel je me sentais à l’aise", confie Naomi à Europe 1.

Des jeunes diplômés livrés à eux-mêmes dans les hôpitaux français

À Mouscron, près de 20% du personnel soignant est français. Cet exode participe de la pénurie de personnel dans les hôpitaux français. "On a une génération zapping. Ils travaillent un mois ou deux avant de partir parce qu’ils atterrissent dans des services compliqués, sans être accompagnés comme ils devraient l’être", explique Éric Goubet, délégué CGT et cadre de santé à l’hôpital de Roubaix.

"Tout cela favorise la pénurie au niveau du service public. Sans aide-soignant et infirmier, il y a des services que l’on ne peut pas ouvrir, et l’on se retrouve avec des personnes qui ont du mal à se faire soigner", poursuit ce responsable. Ainsi, à l’hôpital de Roubaix, l’ouverture de l’unité réservée aux urgences hivernales a dû être retardée, car il était impossible de pourvoir les six postes d’infirmiers nécessaires.