Centre du don des corps : l'ex-président de Paris-Descartes entendu en garde à vue

Les révélations avaient conduit Frédérique Vidal à ordonner la fermeture du centre, fondé en 1953.
Les révélations avaient conduit Frédérique Vidal à ordonner la fermeture du centre, fondé en 1953. © Google Maps
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avec AFP
L'ancien président de l'Université Paris-Descartes, Frédéric Dardel, a été entendu jeudi en garde à vue dans l'enquête sur le Centre du don des corps, au cœur d'un scandale depuis des révélations sur les mauvaises conditions de conservation des corps, a appris mardi l'AFP de sources concordantes.

L'affaire du Centre du don des corps de l'université Paris-Descartes avait fait grand bruit : dans un article publié le 27 novembre 2019, l'Express avait dénoncé les "conditions indécentes" de conservation de dépouilles de "milliers de personnes ayant fait don de leur corps à la science". Selon l'AFP, l'ancien président de l'Université Paris-Descartes, Frédéric Dardel, a été entendu par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) le 12 novembre et en est ressorti libre.

 

Frédéric Dardel a été président de l'Université Paris-Descartes, dont dépendait le Centre du don des corps (CDC), entre 2011 et 2019. Il a aussi conseillé la ministre de la Recherche Frédérique Vidal jusqu'en juin 2020, et est désormais conseiller de Gilles Bloch, patron de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). "En 60 ans, c'est le premier et seul président à avoir réalisé un programme d'investissement pour la rénovation du CDC", a commenté auprès de l'AFP son avocate, maître Marie-Alix Canu-Bernard. "Il y a une réelle hypocrisie de l'État de confier une mission de service public avec des règles éthiques fortes sans donner les moyens de la financer", a-t-elle estimé.

L'Université responsable de "graves manquements éthiques"

Ces révélations avaient conduit Frédérique Vidal à ordonner la fermeture du "temple de l'anatomie française", fondé en 1953 et qui accueillait chaque année plusieurs centaines de corps donnés volontairement à la science. La ministre avait aussi mandaté l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche (Igésr) pour mener une inspection administrative.

 

Dans ses conclusions publiées le 13 juin, cette inspection a estimé que l'Université Paris-Descartes était responsable de "graves manquements éthiques" dans la gestion du CDC, qui ont perduré pendant plusieurs années. Le 9 juillet, au terme de son enquête préliminaire ouverte pour "atteinte à l'intégrité du cadavre", le pôle santé publique du parquet de Paris a confié les investigations à des juges d'instruction.