Caroline est harcelée par son voisin : "Je vis un véritable cauchemar"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Harcelée physiquement et psychologiquement par le responsable de sa copropriété, Caroline vit un cauchemar. Elle raconte au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, les actes malveillants de son voisin qui serait, selon elle, protégé par le maire et la police de sa ville.
TÉMOIGNAGE

Caroline subit un harcèlement de voisinage physique et psychologique. Elle a déposé plainte à plusieurs reprises, en vain. Elle a, en effet, découvert que le responsable de la copropriété qui la harcèle, est soutenu par le maire et a des connaissances au sein de la police de la ville. Caroline se livre à Olivier Delacroix au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, et raconte l’enfer quotidien que cet homme lui fait vivre, ainsi qu’à d’autres femmes du voisinage.  

 

" Je me suis installée dans une ville de taille moyenne, dans l’Oise, il y a dix ans. J’habitais dans une jolie petite copropriété. Je me suis fait très gravement agresser. J’ai eu trois dents cassées à coups de pied. C’était un type qui venait dans ma résidence pour voir des voisins. C’était un dealer. J’avais déjà repéré qu’il vendait des stupéfiants. La fille des voisins, sa conjointe, m’avait montré à plusieurs reprises quantité de clés de voitures volées. J’avais dénoncé ces choses à la police parce que j’estimais que c’était dangereux pour tout le monde.

" Ma vie a basculé "

Je l’entendais frapper violemment la jeune femme. Cela devenait intolérable et insupportable. Il n’y a jamais eu de retour de la part de la police, jusqu’à ce que je me confronte moi-même à ce type. Un soir, il est rentré complètement défoncé et m’a savatée à coups de pied, j’ai perdu trois dents. À ce moment-là, ma vie a basculé. L’affaire est passée devant les tribunaux. Au moment de l’audience, il a réussi à s’échapper. Mon avocate m’a dit de rentrer chez moi très vite, parce qu’il était connu des services de police.

Il avait déjà agressé plusieurs personnes et a agressé d’autres personnes par la suite. J’ai appris, par mon avocate, que ce type est un "indic" de la police. C’est la raison pour laquelle les choses étaient prises à la légère. Ça m’a bousillé la vie et ce type est dehors. Quand je revenais du travail, je le voyais à la gare de ma ville. J’étais complètement prostrée et lui était libre. Lui était libre et moi j’étais dans ma prison mentale, parce qu’il faut pouvoir se remettre d’une si dure agression.

" Je reçois des lettres anonymes "

J’ai pris la décision de déménager après avoir appris en 2012 que j’étais atteinte d’une maladie chromosomique dégénérative. J’ai pris la vie à bras le corps. J’ai racheté un petit appartement dans lequel je pensais que j’allais vivre quelque chose de sympa. J’ai été très rapidement confrontée à un enfer. Je me suis confiée au responsable de la copropriété en place. J’ai compris que c’étaient des gens extrêmement malveillants. Depuis cinq ans, je subis d’un harcèlement, parce que j’ai choisi d’être moi-même.

J’aime énormément les animaux, je donne à manger à des chats errants. À cause de cela, je reçois des lettres anonymes. Je suis allée dénoncer ces choses au commissariat. J’ai rencontré le maire de ma ville et lui ai dit qu’une famille tenait cette copropriété d’une main de fer depuis plus de 37 ans et que j’avais affaire à des monstres. J’ai compris que ce monsieur était soutenu par le maire. Le maire m’a dégagée de son cabinet, me disant que c’était une famille très bien.

" C’est une très grande omerta "

J’ai reçu des lettres anonymes disant que les chats seraient empoisonnés, j’ai reçu des crachats en pleine figure, de l’urine sur le paillasson, on m’a renversé un grand seau d’eau sur la tête, j’ai reçu des coups. J’ai porté plainte à de multiples reprises. Ce type me disait : ‘Tu peux toujours aller au commissariat, je connais des policiers et ça n’aboutira jamais’. Effectivement, ça n’a jamais abouti. Ça me détruit la vie petit à petit. Étant atteinte d’une maladie chromosomique, je n’ai pas besoin de plus de stress que j’en ai déjà subi. Je vis un véritable cauchemar. Cette famille a importuné des dizaines de personnes qui sont parties. J’ai compris qu’ils étaient placés là pour assurer une forme d’électorat au pouvoir en place.

Sans le vouloir, je me suis retrouvée comme une espèce de donneuse d’alerte en m’élevant contre le système en place, en ne prenant pas fait et cause pour certains problèmes, en vivant ma vie et en dénonçant des malversations financières au sein de la copropriété. Je refuse de lâcher prise en partant, parce qu’il m’a dit : ‘Tu finiras par revendre ton appartement trois francs six sous et te casser’. Il se confère une forme de pouvoir. Il est malade et violent. Les gens en ont peur. Il est connu dans le quartier. C’est une très grande omerta.

" Il nous bousille la vie au quotidien avec des actes de malveillance "

J’ai envoyé un courrier au procureur de la République et ça n’a pas eu d’effet. J’ai appris que pendant des années, de multiples copropriétaires ont été son exutoire. Et ce type est soutenu par l’élu de ma ville. Il fout des vies en l’air. Dans cette résidence, on pourrait tous être tranquilles, mais il nous bousille la vie au quotidien avec des actes de malveillance. C’est du harcèlement soutenu par la police.

Il y a de nombreuses autres victimes de cet homme, toujours des femmes, qui ont dû déménager ou qui sont tombées gravement malades. Ce sont des femmes seules, de tous âges, qui ont alerté sur ses digressions financières. C’est une omerta terrible et aucune ne veut témoigner. J’en connais quatre ou cinq. J’ai cessé d’aller au commissariat de police. Une personne que je connaissais à la gendarmerie a pris ma déposition et celle d’une autre voisine. Ça n’a pas eu d’effet. La déposition a été automatiquement envoyée au commissariat de police de ma ville. Qu’est-ce que cela protège ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ?

Je suis allée voir une avocate assez connue qui m’a dit qu’elle me défendrait lorsque j’aurai déménagé de la ville. Cela signifie que je suis largement exposée. Le fait de se faire miner et humilier physiquement et psychologiquement, c’est d’une pourriture infinie et je ne peux pas laisser ça impuni. Il faut que je parle pour ma reconstruction personnelle et au nom des autres qui en ont bavé et qui ont la trouille. Depuis cinq ans, je suis la seule à avoir tenu la dragée haute à ce type, à avoir voter contre lui, à avoir pointé du doigt certains problèmes et à m’être adressée à la plus haute autorité de la ville. "