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Manon Fossat , modifié à
La consommation de cannabis se banalise chez les 15-24 ans. C'est en tout cas l'un des enseignements d'un sondage Ifop pour High Society réalisé auprès de 1.205 jeunes. Invité de Romain Desarbres sur Europe Midi mercredi, le président de la Fédération française d'addictologie, Amine Benyamina a regretté qu'il n'y ait pas de véritable politique de prévention en France. 
INTERVIEW

D'après une étude Ifop pour High Society, plus de 47% des Français âgés de 15 à 24 ans ont déjà fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Un chiffre qui a presque doublé en 20 ans. Que ce soit en soirée, au travail, chez soi, ou même avant un rapport sexuel, le cannabis s'est inséré en quelques années dans tout le tissu social de la jeunesse. Invité sur Europe Midi, Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’Hôpital Universitaire Paul-Brousse (AP-HP), et président de la Fédération française d'addictologie, a expliqué que cette enquête ne fait que confirmer des données déjà connues. Il a regretté le peu de mesures de prévention prises par rapport à la consommation de cannabis.

"Des conséquences catastrophiques"

"Je ne vois pas beaucoup de mesures de prévention. Ce que je vois depuis quelque temps, c'est essentiellement des messages portés par le ministère de l'Intérieur sur la pénalisation et la prohibition. En partant du principe que c'est un produit interdit, on pense qu'il n'y a peut-être pas à mettre en place de politique de prévention. Mais la réalité est tout autre", a-t-il affirmé. 

"Le cannabis infuse toutes les couches de la société, le trafic est très puissant avec des conséquences sur les jeunes et sur la société catastrophiques", a poursuivi Amine Benyamina avant d'appeler à de véritables mesures pour lutter contre sa consommation. "Il faut avoir un vrai discours de santé publique."

Des mesures de prévention nécessaires

Selon lui, l'usage du cannabis chez les 15-24 ans a en plus des conséquences dans le milieu professionnel, mais pas que. "Quand vous consommez tous les jours et que vous vous rendez compte que vous n'êtes pas très performants ça commence à poser problème. Et pour les plus jeunes il y a aussi un risque de décrochage scolaire", a-t-il affirmé. "La prohibition actuelle est un saupoudrage qui n'a aucun sens, avec une absence totale de prévention et d'informations réelles sur le produit et sur les risques encourus."

Cette banalisation est d'autant plus dangereuse que les jeunes sont plus à risque de développer des maladies psychiatriques, d'autres addictions, ou encore de s'isoler socialement à cause du cannabis. D'autant que l'étude de l'Ifop révèle que lorsque les risques sont connus, grâce aux campagnes de prévention, un tiers des sondés déclarent avoir stoppé ou diminué leur consommation.