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Romain David
Ce père de famille raconte à Olivier Delacroix, sur Europe 1, quelle part, selon lui, les hommes ont à jouer dans la lutte contre le sexisme.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Boris, 35 ans, se sent très concerné par les questions d'égalité entre les femmes et les hommes. Père de deux jeunes garçons, il met un point d'honneur à les sensibiliser à ce combat. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, Boris explique toutefois pourquoi, en tant qu'homme, il préfère se dire "allié des féministes" plutôt que "féministe".

"Je préfère me décrire comme 'allié' plutôt que comme féministe parce qu'il faut savoir d'où l'on parle : moi, je ne suis pas une femme. Je ne vis pas le sexisme au quotidien. Je ne pourrais jamais vivre la même chose que ce que vivent les femmes qui, elles, sont harcelées. […] En tant qu'homme blanc, jeune, assez privilégié, je n'ai pas cette expérience-là, donc je préfère me dire 'allié'.

[…] Une fois que l'on a compris que l'on n'est pas une femme et que l'on ne vit pas ça, le mieux c'est d'aller écouter celles qui ont des choses à dire sur le sujet. Moi, au quotidien, j'écoute des podcasts, je lis des choses sur Twitter, j'achète des livres. Quand on cherche à s'informer, ce ne sont pas les sources qui manquent. Il y a beaucoup de femmes formidables qui écrivent des choses très intéressantes et produisent des podcasts très accessibles.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Pour Boris, la lutte contre le sexisme s'organise de manière quotidienne, au travail notamment…

Comme beaucoup de gens, tout au long de ma vie, j'ai assisté à pas mal de scènes qui m'ont beaucoup dérangé : des hommes qui parlaient mal à des femmes juste parce que c'était des femmes. Ça peut être au travail, des mots qui vont être utilisés... Par exemple, quand vous entendez des gens dire d'une femme qu'elle a un comportement qui est 'hystérique' ou 'agressif, ou bien 'tu comprends, elle défend ses petits', ou encore 'elle en fait tout un drame'. Tout ça, ce sont des mots super infantilisants et très sexistes, [sur] des collègues femmes qui ont le malheur d'avoir des convictions et de tenir tête aux gens. Ce qui n'est pas normal, c'est que l'on ne dirait pas du tout la même chose sur des hommes.

[...]

Je pense qu'à un moment donné, en tant qu'homme, il faut que l'on prenne un peu nos responsabilités, une fois que l'on a compris que la société a été modelée par nous. Les femmes subissent et luttent contre tout un tas de choses, ça me semble important que nous fassions l'effort de nous contrôler [entre hommes]. Quand on le fait, c'est très différent de quand une femme le fait. Quand je vais voir un homme pour lui demander, pas agressivement, de s'interroger sur les raisons qui font qu'il utilise tel ou tel mot, ou qu'il a eu telle ou telle réaction, je pense que c'est beaucoup plus fort pour lui, en termes de ressenti, d'être corrigé par un pair que d'être corrigé par une femme.

À la maison, ce jeune père apprend à ses enfants à remettre en question les clichés

Mes enfants ont cinq ans et huit ans. Ça peut paraître un peu jeune mais on parle de plein de choses. On regarde et on lit des livres que je leur aide à choisir et sur lesquels on discute ensuite, pour voir ce qui est bien et pas bien. Pour eux, c’est extrêmement libérateur parce que, dès le primaire, il y a des injonctions sur les garçons, en rapport avec cette construction un peu virile, un peu toxique. C’est difficile pour mon aîné de dire qu'il aime La reine des neiges, et c'est difficile pour le petit dernier d'assumer le fait qu'il adore le rose.

Ce que je leur fais faire au quotidien - et on devrait le faire en tant qu''allier' dans tous les foyers -, c'est que je leur apprends a être des personnes autonomes, parce que je pense que l'on n'arrivera jamais à une égalité entre les hommes et les femmes tant que les hommes n'auront pas leur part des tâches ménagères. Il est important que j'apprenne à mes enfants à savoir faire une lessive, laver le sol, ranger leur chambre, faire à manger… […]  Je ne veux pas qu'ils se sentent autorisés à reporter ce poids, ces responsabilités sur les personnes avec lesquelles ils vivront.