Agriculteurs - Toulouse 1:47
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Alexis Bourdon avec AFP / Crédit photo : ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Après le déclenchement d'un mouvement massif chez nos voisins allemands, les agriculteurs de Haute-Garonne bloquent depuis jeudi l'autoroute A64. Ils alertent sur leurs nombreuses difficultés, leur faible rémunération et le manque d'aide de l'État. Sur place, les agriculteurs mobilisés ne comptent pas plier bagages.

Les agriculteurs d'Occitanie multiplient les actions pour dénoncer leurs difficultés, et après des blocages routiers, une explosion à Carcassonne a visé un bâtiment vide de la direction régionale de l'environnement, accusée d'entraver leur activité par des tracasseries administratives. Depuis jeudi soir, les agriculteurs bloquent plusieurs axes routiers autour de Toulouse, où ils étaient au moins un millier à manifester mardi avec 450 tracteurs.

Et vendredi matin à Carcassonne, des ouvriers ont découvert des vitres soufflées par une explosion dans un bâtiment en travaux de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), service du ministère de la Transition écologique. "Si aucun agent de l'État n'a été blessé, d'importants dégâts matériels sont à déplorer", a déclaré dans un communiqué le préfet de l'Aude, rappelant par ailleurs que "rien ne saurait justifier de tels actes de violence". Une enquête a été ouverte pour "dégradation par moyen dangereux d'un bien appartenant à autrui en bande organisée", a indiqué le parquet à l'AFP.

Affaire "sensible"

La cause de l'explosion n'a pas encore été déterminée, selon la même source, qui précise que les investigations ont été confiées à la police judiciaire de Montpellier. Deux tags "CAV", initiales du "comité d'action viticole", ont été retrouvés sur place. L'affaire est qualifiée de "sensible" par le parquet. Des actions violentes, incendies, dégradations, signées par le CRAV (Comité régional d'action viticole) ou ses émanations locales (CAV), sorte de bras radical de la viticulture languedocienne, ont eu lieu ces dernières décennies dans cette partie de l'Occitanie, lors de crises du secteur.

Le président du syndicat des vignerons de l'Aude, Frédéric Rouanet, a indiqué à l'AFP qu'il ne "cautionne pas" cette action, tout en rappelant qu'il avait estimé, "au vu de la situation (...) juste après les vendanges, qu'il allait se passer des choses graves". "Quand j'ai appris ça en fin de matinée, je me suis dit que je ne m'étais pas trompé", a-t-il dit.

"Bombe sociale"

"C'est à l'image de la situation viticole, qui est dramatique", a commenté le syndicaliste. "Les vignerons commencent à percevoir le peu d'argent de la récolte 2023, c'est une catastrophe terrible et on est assis sur une bombe sociale." La Dreal a notamment pour mission "la mise en œuvre régionale des politiques de développement durable et d'aménagement durable du territoire", selon son site internet. "Tout ce qui est Dreal, (...) tout ce qui est environnemental, ça nous coûte un pognon monstre et aujourd'hui on ne gagne plus assez pour se payer ce genre de conneries-là", a encore jugé Frédéric Rouanet, dénonçant un "ras-le-bol".

Ailleurs dans la région, les agriculteurs multiplient les blocages d'axes routiers. Les autoroutes A64 entre Toulouse et Bayonne, A20 vers Paris et A62 vers Bordeaux, notamment, étaient coupées par endroits en fin d'après-midi vendredi pour cause de manifestations, selon Bison futé. Les agriculteurs protestent notamment contre la hausse des coûts, des normes jugées excessives et un manque de considération, autant de facteurs qui pénalisent leur activité. Dans un entretien au quotidien régional La Dépêche du Midi publié vendredi, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a affirmé être "très attentif aux expressions des agriculteurs".