Blocage des prisons : des avocats dénoncent des conditions de détention "intolérables"

Mercredi, un détenu du centre de Moulins-Yzeure avait saisi la justice d'un premier recours pour dénoncer les conséquences des blocages de surveillants.
Mercredi, un détenu du centre de Moulins-Yzeure avait saisi la justice d'un premier recours pour dénoncer les conséquences des blocages de surveillants. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Près de 80 avocats en robe se sont réunis vendredi soir sur les marches du Palais de justice de Paris pour dénoncer des conditions "intolérables" de détention de leurs clients. 

Quelque 80 avocats se sont symboliquement réunis vendredi sur les marches du Palais de justice de Paris pour dénoncer des conditions "intolérables" de détention de leurs clients causées par le mouvement de blocage des prisons.

Les avocats, en robe, se sont regroupés autour de la bâtonnière de Paris Marie-Aimée Peyron et du grand pénaliste Henri Leclerc pour dire leur inquiétude au douzième jour de blocage des prisons, le plus important mouvement social de surveillants depuis un quart de siècle. "Nous dénonçons le fait qu'aujourd'hui il n'est plus possible d'avoir accès à nos clients en prison, même si encore une fois nous sommes solidaires du personnel de l'Administration pénitentiaire, nous parlons sur ce point d'une seule voix pour dénoncer les conditions de détention des détenus", a déclaré la bâtonnière.

"Il faut mettre un terme à une situation intolérable". "Le cours de la justice est totalement entravé: nous ne pouvons plus voir nos clients avant qu'ils soient entendus, (...) ils n'ont plus de parloir famille pour la plupart", a expliqué le vice-bâtonnier Basile Ader. "Il faut mettre un terme à une situation intolérable, a renchéri Me Leclerc. Nous ne pouvons pas accepter que ceux que nous défendons soient traités comme ils le sont et que les droits de la défense soient réduits dans des conditions qui sont graves".

Des situations de "prises d'otages" dénoncées. L'avocate Delphine Boesel, également présidente de l'Observatoire international des prisons (OIP, une ONG française de défense des droits des détenus), a craint de voir le mouvement de blocage "générer plus de tensions" en détention, où l'accès aux douches, au parloir ou la promenade sont restreints. "Le mouvement, s'il peut être compris, nous met dans des situations de prises d'otages", a-t-elle souligné.

Un détenu a saisi la justice pour dénoncer les conséquences du blocage. Mercredi, un détenu du centre de Moulins-Yzeure, dans l'Allier, avait saisi la justice d'un premier recours pour dénoncer les conséquences des blocages de surveillants sur ses conditions d'incarcération. Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a rejeté vendredi ce recours, considérant qu'il n'avait subi aucun "traitement inhumain et dégradant", les douches et promenades ayant pu être assurées certains jours depuis le début du conflit.